Une catastrophe est arrivée. Laquelle? Que s’est-il passé dans cette ville jonchée de corps? Il y en a dans et sur une voiture abandonnée, sur les toits des immeubles ou à leurs fenêtres, dans des appartements éventrés, dans la rue à même le sol. Le spectateur pénètre dans une des salles immenses de l’Arsenal et observe le désastre. La pièce extraordinaire à laquelle il va assister lui fait remonter le temps et découvrir la vie pendant et avant la catastrophe.
Pas de fauteuils pour assoir les spectateurs. Ceux-ci déambulent au sein d’un décor composé de multiples lieux où les artistes – hommes et femmes – se produisent parfois simultanément. Il faut avoir les yeux partout, mais le spectacle est tellement riche qu’on n’a jamais le sentiment d’en manquer.
Une douzaine d’artistes issus du théâtre, de la danse et du cirque interprètent avec brio différentes scènes de la vie ordinaire d’une soirée ordinaire. On perçoit sans difficulté les multiples situations qui se jouent dans ce quartier de la ville. Il y a ceux qui restent chez eux pour assouvir leur boulimie de lecture ou qui se couchent tôt et rencontrent leurs cauchemars, les couples qui se disputent dans leur cuisine, les mères qui s’occupent de leurs bébés ou les fêtards qui sortent en bande pour aller danser.
La première scène donne le ton. Un artiste circassien descend du ciel et passe au ralenti ou en accéléré à travers une fenêtre bordée par des éclairages au laser. La musique est lente ou plus rythmée. Elle donne envie de danser ou de retenir son souffle face à tout ce qui nous est donné à voir.
Transthéâtre, en collaboration avec Arsenal art contemporain, propose un spectacle unique en son genre, particulièrement réussi, émouvant, non dénué d’humour malgré le sujet grave et extrêmement original. Les acrobaties se mêlent à la danse. Les personnages sont ainsi capables de marcher sur les murs, de faire d’une voiture leur scène d’acrobaties, de nous montrer ce qui se passe lorsqu’une maison démolie et retournée oblige les corps des voisins à tomber sous l’effet de leur propre poids.
Les scènes originales se succèdent également sous l’effet d’éclairages très réussis et dans des décors qui se métamorphosent.
En remontant le temps, les spectateurs se retrouvent accompagnant les fêtards à leur soirée, aux rythmes d’une DJ qui fait danser tout le monde.
Tout est magnifique dans ce spectacle. La mise en scène est finement réglée, les décors, les éclairages et la musique parfaits. Quant aux artistes, ils sont tous plus talentueux les uns que les autres et se produisent, non seulement sans filet, mais au plus près du public.
Jusqu’à ce qu’on meure est un spectacle qu’il ne faut surtout pas manquer.
Jusqu’à ce qu’on meure
Une production Transthéâtre, avec la collaboration de Arsenal art contemporain; du 2 au 13 novembre 2022 à l’Arsenal.