Le festival Fringe Saint-Ambroise de Montréal, édition 2022, c’est environ 800 performances en français et en anglais, soit 500 artistes qui se produisent dans plus de 20 salles et en extérieur entre le 30 mai et le 19 juin. Inutile de dire que je n’ai assisté qu’à une infime partie de cette programmation. Mais parmi le peu que j’ai pu voir, certaines pièces ont retenu mon attention.
Danse Amandine de Vincent Millard, par exemple, est une œuvre intelligente et touchante, bien construite et bien interprétée. Elle plonge le spectateur dans les pensées intimes d’un petit groupe de jeunes avec leurs difficultés de vie qui, parfois, prennent une énorme place. Clothilde organise une fête dansante pour son anniversaire. Elle a 25 ans et semble décidée à ce que ce soit la dernière. L’année précédente, elle s’est contentée d’avaler un croissant aux amandes, une amandine qui ne passe pas et qui fait référence à un gros traumatisme dont elle ne réussit pas à guérir, et pour cause. Les autres, les invités, de vagues connaissances pour la plupart, ont aussi leurs problèmes de vie, de socialisation, d’amour… Les voilà qui se retrouvent ensemble de manière un peu artificielle, et de petits miracles surviennent peut-être.
La pièce est bien menée. Elle est pleine d’émotions, mais ne fait pas l’impasse d’un certain humour. L’issue reste ouverte et intéressante. Voilà un spectacle qui mériterait d’être vu de nouveau lors d’une prochaine programmation dans un théâtre.
Ma vie en pénurie, par Les Associées Inc., est aussi un très bon spectacle et particulièrement bien interprété. L’héroïne y raconte son parcours professionnel qui, après des études en théâtre, prend bien des détours pour finalement la mener à un poste de suppléante dans un collège aux élèves plutôt agités et difficiles. Le spectacle est très drôle et surtout tenu par une petite équipe d’acteurs particulièrement talentueux qui jonglent magnifiquement entre les différents rôles et situations. Pour cela, il faut que la pièce soit bien construite et c’est le cas. On passe d’une scène à une autre sans jamais perdre le fil et en permettant non seulement de rire mais de prendre conscience de la difficulté qu’il y a à tenter de poursuivre son rêve dans le domaine des arts de la scène.
Ce serait vraiment bien que la pièce s’étoffe un tout petit peu et s’allonge de quelques minutes pour mériter sa place dans une prochaine programmation qui, j’en suis sûre, sera très appréciée du public.
Mario a un incroyable talent, est un spectacle de clown acrobate, jongleur, prestidigitateur, danseur, et j’en passe… Ce Mario participe à un concours et en est le 696e candidat. Mais grâce aux applaudissements du public, il compte bien remporter la vedette. S’il possède un indéniable talent, son côté clownesque le précipite dans toutes sortes de gaffes et de gags qui risquent de le mener bien loin de la victoire. Mais le public de ce spectacle solo peut apprécier les performances de ce candidat assez incroyable malgré toutes ses maladresses. Voilà une performance menée à un rythme endiablé pour tous ceux qui apprécient les arts circassiens dont le héros est un indéniable virtuose.
J’ai deux bras, merci part d’une idée plutôt loufoque, mais pourquoi pas? C’est une petite comédie menée par de bons acteurs, mais qui mériterait d’être travaillée davantage pour en faire une œuvre accomplie. L’idée de départ n’est pas mauvaise. Il faudrait toutefois non seulement la développer, mais surtout l’inclure dans une construction un peu plus solide. On passe toutefois un bon moment, avec des rires et une équipe d’acteurs très agréables.
Mauvaise foi est un one man show d’une heure trente de Luc Boily qui s’en prend aux imbécilités des religions, de la pédophilie, des défenseurs des armes à feu ou des adeptes de l’alimentation végane. Le titre est attirant, mais il ne fédère pas vraiment tous les propos qui sont affirmés comme des vérités, ce qui n’est pas toujours le cas.
Il y a dans ce spectacle quelques bonnes trouvailles, dont l’humour est plus ou moins grinçant. Le show reste de la grosse farce dans son ensemble et aurait pu gagner en intérêt si le sujet était mieux maitrisé. Difficile de parler de religions et d’essayer de les mettre toutes dans le même sac quand elles sont si différentes, y compris pour les trois dont on a coutume de dire – mais pas forcément à raison – qu’elles se réclament du même Dieu.
L’édition 2022 du Festival St-Ambroise Fringe de Montréal est on ne peut plus variée et éclectique. C’est un festival à petit prix qui réserve beaucoup de bonnes surprises.
Festival St-Ambroise Fringe de Montréal, du 30 mai au 19 juin 2022