Sur les planches du TNM, jusqu’au 14 avril, on présente L’Idiot, un texte d’Étienne Lepage, d’après le roman de Fiodor Dostoïevski et dans une mise en scène de Catherine Vidal. Bâtie sur un texte archi connu, la pièce est soutenue par une solide distribution dont font partie, Macha Limonchik, Paul Savoie, Paul Ahmarani, Renaud Lacelle-Bourdon, Évelyne Brochu et sept autres comédiennes et comédiens.
Passons rapidement sur les décors qui n’impressionnent pas, mais qui laissent toute la place au jeu. Les éclairages, en revanche, on les remarque un peu plus, grâce à leur grande pertinence dans certaines scènes, mais aussi parce qu’ils agressent le spectateur à au moins deux reprises, ce qui n’apporte absolument rien. Les costumes quant à eux, sont riches ou pauvres, bigarrés ou anodins, historiques ou actuels : on ne trouve pas toujours un sens à cet éclatement dans toutes les directions.
L’Idiot, c’est l’histoire du prince Mychkine, une âme pure, un jeune homme aux sentiments intenses et sans détour. Un naïf qui exprime tout ce qu’il pense, sans filtre, et qui ne se rend pas compte des blessures qu’il inflige, malgré les meilleures intentions du monde. Tous autour de lui sont, soit profiteurs, soit complètement perdus dans leur âme ou encore trop préoccupés par l’image qu’ils projettent pour affirmer ce qu’ils ressentent vraiment. Sauf peut-être le personnage de Gania Ivolgine qui se tire dans le pied, quand il finit par être honnête et que des oreilles imprévues sont témoin de ses aveux. Tout le monde, sauf le prince, tente de tirer parti de tout le monde et tout ce beau monde semble être « à l’argent », le symbole de la superficialité érigé en blason ultime.
Le premier acte est bien rythmé et, à la façon dont est écrite la pièce, on aurait pu s’arrêter là sans que la leçon n’en souffre. Le second acte démarre lentement. La longue scène entre le prince et son ami Parfione casse un peu l’élan et c’est justement dans cette scène que Renaud Lacelle-Bourdon et Francis Ducharme apparaissent moins crédibles qu’à d’autres moments.
Les pointes d’humour que se partagent les personnages secondaires ne sont peut-être pas nécessaires et elles sont concentrées durant le premier acte, ce qui, en comparaison, assombrit le deuxième.
Les performances que je retiens sont surtout celles de Paul Ahmarani, en Lebedev, le parfait bouffon et lèche-bottes; Paul Savoie en général Ivolgine, décati et un peu sénile et, enfin, celle de Renaud Lacelle-Bourdon, le prince, qui est égal tout au long de l’œuvre, avec son naturel et ses sentiments qui font que tous les autres se sentent pétris de mauvaise foi et de petitesse.
C’est professionnel, c’est bien joué, mais ce n’est pas inoubliable.
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