Le monde brûle. Et plus précisément, ce sont les alentours de Bad Heim, une ville touristique allemande située à plusieurs heures de la capitale, qui sont en flammes depuis des mois, sans espoir de pluie à l’horizon. Dans ce contexte de fin du monde lancinante, une hôtelière désoeuvrée vivra un Eternal Summer.
Premier roman de l’autrice Franziska Gänsler, cet Été éternel est non seulement celui de la catastrophe qui détruit lentement une région, un mode de vie, une civilisation, mais aussi un laps de temps destiné à constamment se renouveler, comme s’il était impossible de s’extraire d’une certaine boucle temporelle.
Et dans cette boucle infinie, dans cette ambiance partagée entre l’ordinaire des jours et le brasier qui fait rage à quelques centaines de mètres de là, Iris, notre hôtelière, accueillera une mère et sa fille. Sont-elles venues se réfugier? Se réfugier de quoi, ou de qui?
Ensemble, ces trois représentantes de la gent féminine vivront un peu hors du temps. Loin des dangers de la vie réelle, qu’il s’agisse d’un feu ultimement provoqué par le capitalisme sauvage, ou encore d’une menace faite de chair et de sang.
Dans ce récit doux-amer, Mme Gänsler réussit à canaliser les espoirs déçus d’une génération: on nous promettait un avenir radieux, voilà que s’accumulent les guerres, les crises économiques, le retour du fascisme, la crise du logement, et maintenant les conséquences bien réelles d’une crise climatique entamée bien avant notre naissance.
N’est-il pas absurde de devoir aller travailler tous les jours, alors que notre monde se meurt? Que nos concitoyens s’entretuent? Mais la routine, la vie « ordinaire », tout cela n’a franchement rien à faire de nos états d’âme. Apocalypse ou non, il faut se lever le matin, faire les comptes, aller acheter de quoi cuisiner.
On pourrait, par la bande, reprocher à Eternal Summer de ne pas offrir de conclusion satisfaisante, de laisser les lecteurs face à leur frustration, leurs désirs inassouvis, leurs espoirs déçus. Mais on peut aussi, bien entendu, affirmer que c’était là l’objectif de l’autrice depuis le tout début. Et c’est tant mieux.
Eternal Summer, de Franziska Gänsler, publié chez Other Press, 162 pages