Animateur bien connu de podcasts sur le true crime, ce genre s’articulant autour de mystères généralement glauques et sanglants, Gilbert Power décide de se rendre en Irlande pour tenter de résoudre un mystère vieux de plusieurs décennies. Ce qu’il y a découvrira, dans la série Bodkin, ira toutefois bien plus loin qu’une série de vieux dossiers poussiéreux.
Créée par le scénariste britannique Jez Scharf, Bodkin pourrait en fait ne pas être une série portant sur le personnage de Power, un Américain en apparence un peu naïf, cherchant à être gentil avec tout le monde, histoire de produire des épisodes qui intriguent juste assez, sans vraiment prendre qui que ce soit à rebrousse-poil.
Non, cette série semble en fait porter sur « Dove » Maloney, une journaliste d’enquête travaillant pour The Guardian, mais qui est forcée de se mettre au vert après que l’affaire délicate sur laquelle elle travaillait eut débouché sur le suicide de sa principale source.
Grossièrement, Mme Maloney est l’antithèse de M. Power: taciturne, bête, froide, distante, prête à commettre des crimes pour obtenir de l’information, visiblement constamment en colère, elle déteste le fait d’être de retour dans une Irlande qu’elle a pourtant souhaité laisser loin derrière elle, après une enfance et une adolescence particulièrement difficile.
Entre les deux, on trouve Emmy Sizergh, du Guardian, qui agit ici comme assistante de production. D’abord particulièrement joyeuse et enjouée, désireuse d’accompagner Gilbert dans ses démarches, elle devient de plus en plus teintée par le pessimisme de Dove.
Et devant nos trois comparses, le mystère d’une disparition vieille de plusieurs dizaines d’années, certes, mais dont les principaux acteurs sont encore largement toujours vivants. Une histoire sinistre impliquant des personnes franchement patibulaires, qui semblent même prêtes à tuer pour éviter que leurs secrets ne soient révélés au grand jour.
Oui, il y a de l’humour, dans cette série, mais Bodkin s’apparente surtout à une série policière, où nos personnages remontent lentement la piste d’un mystère. Une série policière avec, ici et là, un soupçon d’étrange et de fantastique, comme si les démons du passé ressortaient lentement des recoins d’ombre où ils étaient tapis depuis belle lurette.
D’ailleurs, la chose est si bien présentée, si bien montée, qu’on se retrouvera parfois perchés sur le bout de notre siège, sous le coup d’une révélation survenue en fin d’épisode.
Sans être un chef-d’oeuvre, Bodkin est une série franchement bien ficelée, avec un Will Forte qui semble bien s’amuser à déconstruire cette idée de personnage niais qui lui est souvent accolée. Une aventure en une poignée d’épisodes à voir sur Netflix.