Le projet d’une base lunaire chinoise, théoriquement dans une dizaine d’années, prend forme: la Russie vient de signer une entente par laquelle elle s’engage à construire le réacteur nucléaire qui alimentera les installations en électricité.
Connu sous le nom International Lunar Research Station (ILRS), le projet implique pour l’instant 17 pays —dont l’Égypte, le Pakistan, l’Afrique du Sud et la Thaïlande, mais ni les États-Unis ni l’Union européenne. La Chine évoque cette construction d’une base lunaire habitée à proximité du Pôle sud depuis plus d’une décennie et c’est depuis 2021 que Chine et Russie partagent un programme préparatoire conjoint : envoi de sondes lunaires dans la région pour évaluer les ressources et surtout, la quantité de glace qui pourrait être extraite du sous-sol. Plusieurs des pays qui participent à l’ILRS contribueront à la sonde Chang’e-8, qui doit se poser près du Pôle sud en 2028.
Quant à l’idée d’un réacteur nucléaire construit par la Russie, elle avait été évoquée en 2024 par le directeur de l’agence spatiale russe. Le nouveau mémo, signé le 8 mai à Moscou lors de la rencontre entre les présidents chinois et russe, contient peu de détails sur les technologies ou les coûts, sinon un engagement à ce que le tout soit fonctionnel en 2036.
La signature de ce mémo intervient au moment où le projet de budget 2025-2026 du gouvernement américain inclut des coupes dans le programme lunaire de la NASA, qui entraîneraient la disparition du projet d’une station en orbite lunaire (Lunar Gateway): c’est elle qui devait servir de transit pour les futurs astronautes avant leur alunissage.
Les plans actuels prévoient une première mission habitée, Artemis 3, en 2027 ou 2028, mais ces plans sont encore vagues sur les missions suivantes (Artemis 4 à 10), en particulier celles qui seraient nécessaires à l’établissement d’une base lunaire permanente. Le milieu des années 2030 avait été évoqué pour cette base américaine, mais il faudrait pour cela des budgets plus élevés pour la NASA.
Ce n’est pas la première fois qu’on évoque une « course à la Lune » en comparant, depuis les années 2010, les avancées systématiques de la Chine aux progrès cahoteux du programme Artemis. Mais les tensions politiques et commerciales actuelles entre les deux superpuissances leur donnent un nouveau relief.