Le 8 octobre dernier, à la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau, l’Orchestre classique de Montréal présentait La Serva Padrona de Giovanni Battista Pergolesi et The Medium de Gian Carlo Menotti, dans une collaboration avec l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, le tout sous la baguette du chef Simon Rivard qui est très actif sur la scène montréalaise ces derniers temps.
Dès les premières mesures de la musique de Pergolesi, le public a compris qu’il y aurait un personnage de plus sur la scène, c’est-à-dire l’orchestre, mené avec grande précision par le maestro Rivard. Et, dès les premières mimiques d’Uberto, le public a retenu son souffle, mais pas ses sourires ni ses rires tant le jeu de Jamal Al Titi était parfaitement adapté au livret et au ton de l’œuvre. Ce fut le début d’un grand moment de pur bonheur.
Al Titi joue, chante et s’amuse à la fois, tout en ravissant son public avec sa voix puissante, chaude, coquine et profondément maîtrisée. La table était mise et les attentes sont devenues très élevées. Comment la soprano Sophie Naubert allait-elle répondre à la verve du baryton, comment allait-elle égaler un tel brio, une telle énergie?
Eh bien, ma foi, avec aisance, charme et virtuosité. Quel duo que ces deux-là! Des visages très expressifs, des corps qui bougent sans complexes et, bien sûr, des voix, des voix enchanteresses et n’ayons pas peur de le dire, un exploit sportif pour les deux personnages qui sont seuls à chanter durant une quarantaine de minutes. On ne retrouve pas ça à l’opéra.
Pergolesi sachant parfaitement mettre en valeur les voix, a fait en sorte que la musique de l’orchestre soit précisément ajustée à la partition chantée. Cela nous a valu une certaine discrétion du chef et de ses musiciens, mais aussi des éclats plus vifs en réponse au monologue d’Uberto avant l’entrée en scène du supposé fiancé de Serpina. Tout étant bien qui finit bien dans cette historiette, le public aurait pu repartir rassasié après seulement la première moitié du programme.
D’autant plus que, pour notre part, la deuxième moitié fut très décevante et même, par moments, insupportable. L’œuvre de Menotti est à l’opposé de celle de Pergolesi.
Profondément dramatique, The medium parle de crédulité, d’abus, de violence et d’alcoolisme. La mise en scène de François Racine est parfois lourde et le jeu de Ian Sabourin (rôle muet) manque d’expression.
Les chanteurs livrent une performance correcte, particulièrement dans le cas de Bridget Esler (Monica), mais c’est la partition qui est agressante. Pourquoi faire hurler Madame Flora et faire hurler l’orchestre en même temps? Ces explosions sonores inopportunes ont jeté une ombre désolante sur les parties plus lyriques de la partition. Non, Menotti ne nous a vraiment pas charmés.