Le duo starisé malien Amadou et Mariam fait escale à Montréal en ouvrant la voie à l’artiste musicien américain Andrew Bird, lundi prochain à L’Olympia. Ne tarissant pas d’éloges pour la gentillesse du public d’ici, les artistes amoureux de Maliba s’expriment sur leur monde et les gens qui les entourent avec un nouveau chant Mogolu. Inséparables, Amadou et Mariam portent toujours plus loin leur message pour la paix et l’harmonie des cœurs par leur art universel. Échange.
Communion à l’universelle musique
Leur vaste répertoire relève du registre de la sincérité, de l’émotion pure. Depuis leur premier album éponyme en 1989, Amadou Bagayoko et Mariam Doumbia perçoivent leur monde avec le sens de l’âme par des compositions humanistes. Un regard intérieur pour ces deux êtres non-voyants qui s’oxygènent aux rencontres. Sur leur chemin, ils croisent des artistes occidentaux, Manu Chao, Bernard Cantat /« Oh Amadou », Jain / « L’Âme au Mali » et plus récemment, Andrew Bird. L’auteur-compositeur nommé aux Grammy Awards s’inscrit dans leur conception de la mélodie.
« La musique est sans frontière, nous aimons le blues et le rock, même la country! Nous avons envie d’être avec des chanteurs et musiciens pour partager la scène et vivre avec eux… », s’entendent-ils. En Afrique, les collaborations fourmillent aussi avec Tiken Jah Fakoly sur la pièce « Politic amagni » ou encore Keziah Jones. Avec comme philosophie musicale » Les rencontres, c’est la vie! « , le couple chante en langue bambara – langue dominante du Mali – et en français, rejoignant un public conquis d’avance.
Album compilation, amour et lutte
En avril dernier, leur nouveau tube Mogolu – « les gens en bambara » – est venu comme un réveil dansant, une ode à la découverte et au mouvement. L’une des trois compositions inédites de leur prochain album La vie est belle attendu pour septembre. « On a composé cette chanson sur les voyages, sur les gens. Elle veut dire beaucoup de choses, prendre le bateau, le train, et l’avion. Les moments à l’aéroport où l’on ressent la présence sur le monde. On voyage ensemble et on apprend les uns des autres », explique Mariam. Chercher à connaître l’autre par le voyage, une expérience unique.
Ce message sur l’ouverture traduit aussi cette interdépendance envers l’autre. Un plaidoyer face à l’assaut individualiste de l’époque que le duo entend bien endosser.
Sur le secret de leur longévité et leur amour en musique, le couple évoque des qualités nobles, l’écoute, la compréhension et la communication. « On se comprend malgré les problèmes, on fait tout ensemble. Chacun compose mais les chansons se font ensemble. On s’influence et corrige au besoin… » poursuit Mariam. L’amour est la lumière et la complicité de créer en tant que mari et épouse dirige leur démarche. « On donne la bonne direction pour les gens, et on est admirés pour cela. On chante pour l’unité et pour donner la joie, le courage et la paix », complète Amadou.
En plus de la musique, les amoureux ne cessent de militer sur la cause des non-voyants et la
défense pour l’éducation. Ambassadeurs du Programme Alimentaire des nations unies et de l’Union européenne contre la faim, ils se battent depuis 2011 pour que tout élève ait à manger au Mali comme en Haïti, surtout dans les lieux plus reculés.
Leur objectif: se donner la main et lutter, hors de l’arène politique. « Notre musique s’adresse à tout le monde, chacun doit avoir une bonne conduite pour l’intérêt du peuple. Nous ne chantons jamais contre les autres, et voulons faire notre pays ensemble, dans le social, » confirme le duo qui réserve à son public montréalais un concert festif, dansant avec de grandes surprises, et des musiciens prêts à ambiancer.