Une nouvelle étude démontre que les gens modifient leur comportement pour accommoder les robots chargés d’effectuer des livraisons, et c’est ce « travail humain invisible » qui permet à ces engins de circuler sans problèmes dans la rue, et cet aspect doit être pris en compte lorsque vient le temps de concevoir leurs itinéraires, affirment des chercheurs.
Ces scientifiques, rattachés à la School of Computer Science and Horizon Digital Economy Research de l’Université de Nottingham, en collaboration avec les Universités Linkoping et de York, ont analysé les interactions humaines avec des robots de livraison lors de l’utilisation de ceux-ci dans deux villes britanniques.
Selon les résultats obtenus, ces robots « obtiennent le droit de passage » dans les rues par les personnes qu’ils rencontrent.
Au Royaume-Uni, plusieurs compagnies testent ce genre de livraison dans diverses villes, avec des engins qui s’appuient sur la navigation par satellite et l’intelligence artificielle.
Les chercheurs ont suivi et filmé les robots dans deux endroits des villes de Milton Keynes et Northampton, le tout pendant plusieurs jours, avant d’analyser les rencontres effectuées le long des trajets. En plus de naviguer entre des obstacles tels que des poubelles, des animaux et des voitures stationnées, les robots ont croisé un certain nombre de gens.
L’étude a démontré que le robot est lui-même devenu un obstacle, alors que les gens ont constamment effectué des modifications comportementales subtiles et en apparence inutiles pour permettre à l’engin artificiel de poursuivre sa route.
Parmi les situations recensées, on note les gens qui se sont déplacés pour laisser le robot circuler, un laveur de carreaux qui a interrompu sa tâche pendant quelques instants, ou encore donner une poussée, avec le pied, pour encourager le robot à bouger lorsque celui-ci a ralenti, ou encore modifier le rythme d’une marche pour demeurer derrière l’engin.
Selon l’un des auteurs des travaux, le Dr Stuart Reeves, « alors que l’utilisation des robots de livraison augmente, il est important de comprendre comment les gens interagissent avec eux, et noter le rôle des gens se trouvant à l’extérieur, sur la voie publique, lorsqu’il est question de rendre possible le fonctionnement de systèmes robotiques dans cet environnement ».
« Lorsque vient le temps de concevoir des itinéraires et de programmer des robots, les designers tendent à se concentrer sur les engins et à les placer au coeur du processus, mais nous avons en fait démontré que pour qu’un robot puisse circuler correctement, il dépend des accommodations offertes par les gens pour parvenir à bon port et ne pas devenir lui-même un obstacle », a-t-il ajouté.
Toujours au dire du chercheur, « le fait de comprendre les caractéristiques uniques des lieux publics au sein desquels sont déployés les robots est essentiel – et nous espérons que cette étude puisse être utilisé par les autorités et les concepteurs de robots pour mieux définir la technologie et les espaces ouverts à tous, à mesure que ce domaine se développe et prend de l’ampleur ».