Selon les dernières estimations du ministère de la Santé de Gaza, le nombre de morts depuis le début de la guerre, il y a cinq mois et demi, dépasserait à présent les 32 000. Si on est en droit d’être prudent devant le fait qu’une seule source officielle fournit ces chiffres, reste que des estimations indépendantes faites avant et pendant cette guerre arrivent à des chiffres similaires à ceux fournis par ce ministère.
Ainsi, en décembre dernier, deux analyses publiées par le journal médical britannique The Lancet avaient conclu que les chiffres étaient crédibles.
Dans la première analyse, les chercheurs de l’Université Johns Hopkins, aux États-Unis, avaient comparé les tendances dans l’évolution des données officielles —par exemple, les causes des décès— avec les mêmes tendances du côté des employés des Nations unies décédés. Dans la seconde analyse, des chercheurs de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres avaient observé une corrélation entre les données sur les défunts en date du 26 octobre (7000 à ce moment) et les groupes d’âge de la population: autrement dit, le pourcentage de chaque groupe d’âge dans la population correspondait au pourcentage des personnes décédées par groupe d’âge.
Les deux analyses notaient aussi que lors des conflits précédents, d’autres chercheurs, de même que des organismes comme Médecins sans frontières ou les Nations unies, avaient aussi eu l’occasion d’arriver à des estimations qui confirmaient les chiffres du ministère de la Santé de Gaza. En 2014, même les données du ministère israélien des Affaires étrangères ne différaient que de 8% de celles du ministère de la Santé de Gaza —2125 décès contre 2251.
L’Agence américaine d’aide au développement avait par ailleurs souligné dans une évaluation de 2014 que les autorités de la santé locale effectuaient une compilation des naissances et des décès jugée fiable è 99% — contre une moyenne mondiale de 80%, selon l’UNICEF.
L’ampleur des destructions, cette année, fait toutefois craindre un risque de sous-estimation, notait récemment le New York Times: le très grand nombre d’édifices détruits signifie que des centaines, voire des milliers de personnes, pourraient être toujours enterrées sous les décombres.