Le 3 mars dernier, à la Salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal, Clavecin en concert aurait pu s’écrire au pluriel. En effet, pour une occasion plutôt rare, ce sont deux clavecins qui se retrouvaient sur la scène, entourés de quelques cordes et d’une flûte. Les différentes configurations, en fonction de chacune des œuvres, ont toutefois évité la disposition classique des deux instruments à clavier qui se font face.
Si, pour le Concerto pour 2 clavecins en do majeur, BWV 1061, on nous annonçait une joute entre deux clavecinistes, c’est plutôt à une partie bien amicale, davantage un simple jeu, que nous avons assisté. En effet, on ne sentait là aucune confrontation, mais plutôt une belle complicité, soutenue avec subtilité par les cordes dans les premier et troisième mouvements. Le deuxième mouvement n’a appartenu qu’aux deux claviers qui ont résonné d’une manière toute méditative, en opposition au troisième mouvement qui se voulait des plus guillerets.
Par la suite, l’interprétation du premier mouvement du Concerto brandebourgeois no 5 en ré majeur, BWV 1050, s’est voulue très convenue, c’est-à-dire en parfait respect des conventions, ce qui n’est pas pour nous déplaire. C’est aussi dans ce mouvement que la pure science de Bach s’est bien fait entendre dans le solo pour clavecin de 65 mesures. Vers la fin, on avait l’impression d’assister à une séance d’improvisation du grand Bach lui-même: impressionnant! C’est ensuite la flûte, dans le deuxième mouvement, qui été mise en valeur par la partition, mais aussi par l’interprète, bien sûr, alors que le troisième mouvement était pris à bras le corps par tout l’ensemble pour nous inviter à la fête.
Pour conclure ce bien beau programme, la Suite no 2 en si mineur, BWV 1067, a été l’occasion parfaite pour l’ensemble des musiciens de démontrer à quel point Bach savait adopter d’autres genres que celui de la musique allemande et pour nous faire entendre toute sa sonorité. Un troisième mouvement très expressif a été suivi par une Bourrée et une Badinerie qui ont permis encore une fois au flûtiste Grégoire Jeay de démontrer l’ampleur de son talent. Le public semblait composé de bien des connaisseurs et s’est montré assez enthousiaste pour obtenir un rappel.
Interprètes :
Grégoire Jeay, flûte
Benjamin Alard, clavecin
Karl-Frédéric Bolte, clavecin
Thibault Bertin-Maghit, contrebasse
Quatuor Cobalt