Dans le cadre du festival Phénomena, le théâtre La Chapelle présente L.U.C.A, une pièce performance de deux artistes sympathiques venus du vieux continent. Hervé et Greg sont Belges, Italiens d’origine. Et ils se questionnent sur l’origine multiple d’à peu près tout un chacun pour montrer que, puisque nous sommes tous cousins – éloignés, mais cousins quand même –, le racisme, la méfiance à l’égard de l’autre, son rejet à l’occasion, la question des réfugiés et finalement toutes les violences entre humains n’ont aucun sens…
Avant même d’entrer sur scène, et au moment où les spectateurs s’installent dans leurs fauteuils, les deux artistes s’adressent à différentes personnes, individuellement, engagent une petite conversation et leur demandent d’où ils viennent, quelle est leur origine et à quelle identité ils s’attachent le plus. À Montréal, où l’immigration est on ne peut plus diversifiée, ils font ainsi une pêche très fructueuse : Bangladesh, Égypte, Liban, France, Vietnam, Haïti…. Certains des spectateurs sont quand même de Rivière-du-Loup ou de Laval, voire du Plateau Mont-Royal tout près.
Cette introduction au spectacle permet à nos deux artistes de justifier leur propos, leur enquête, leur spectacle rondement mené à coup de vidéos, d’enregistrements audio, de graphiques sur le sol utilisé comme une immense ardoise sur laquelle ils écrivent à la craie blanche. Bref, toute une mise en scène très énergique et joyeuse, drôle, sincère et qui montre que les relations entre les gens peuvent être très conviviales, tendres et amicales, gentiment ironiques et simultanément pleine de méfiance et de crainte. S’ils ajoutaient à leur spectacle quelques capsules de l’actualité récente, ils verraient que ces relations sont aussi parfois pleines de haine, de cruauté et de violence gratuite.
Et pourtant tout le prouve : la logique, la biologie, l’arithmétique, la génétique… leur enquête décrit toutes leurs investigations fouillées et intelligentes. Ils ont commencé à mener leurs recherches dans leurs propres familles et l’ont étendue au monde entier. Nous sommes bien tous cousins d’une manière ou d’une autre. Ces deux-là s’entendent si bien… Alors pourquoi pas les autres?
On voudrait bien y croire. Il n’est pas sûr qu’être cousins ou même frères aide à réduire la violence. Il semble que depuis Caïn et Abel, les rivalités, les jalousies, les idéologies, les « bonnes raisons » de rejeter l’autre, de le trouver gênant et de refuser même qu’il existe aient prospéré sur notre belle planète.
C’est bien regrettable, ça ne date pas d’hier et ça n’est pas près de finir. Les deux artistes ont donc un propos assez naïf, mais on passe un bon moment en leur compagnie. Et pour pousser la réflexion un plus loin, on pourrait se demander si être tous identiques sur la Terre et penser de la même manière ne produirait pas aussi un monde assez ennuyeux… et pas forcément moins violent, par ailleurs.
L.U.C.A
Conception, texte et interprétation: Gregory Carnoli, Hervé Guerrisi
Co-mise en scène: Quantin Meert
Regard extérieur: Romain David
Mouvement: Èlia López