Les jeux de course se suivent et tendent à se ressembler; après l’idée originale du premier The Crew, où l’on roulait à toute vitesse d’un bout des États-Unis à l’autre, Ubisoft est de retour avec Motorfest, une célébration de la consommation d’essence et des bruits de dérapage circonscrit au territoire du petit État insulaire qu’est Hawaï.
Plutôt que de se concentrer sur une course au long cours, donc, on nous propose à peu près tout ce que l’on peut compter de styles de course automobile: du drifting, du drag racing, du hors route, de la Formule 1… Assez de styles de conduite et de circuits à maîtriser pour satisfaire les plus affamés des amateurs du genre.
Entre différentes sections du jeu, chacune avec son style de pilotage et sa catégorie de véhicules, le joueur est invité à se déplacer sur une bonne partie du territoire hawaïen, cette fois dans sa propre bagnole, histoire de découvrir un espace en monde ouvert comportant son lot d’activités diverses, évidemment toutes articulées autour de la voiture, aussi extrême et puissante soit-elle.
Sur papier, cette idée de tout offrir en même temps, plutôt que de créer un jeu seulement réservé aux amateurs de course automobile à la japonaise, par exemple, ou aux tenants des muscle cars, a du bon: on peut ainsi passer d’un événement à un autre, histoire de se faire la main, et éventuellement cumuler suffisamment de points d’expérience et d’argent pour passer au « vrai » jeu, soit celui où l’on affronte d’autres joueurs.
Sauf que Motorfest pèche par là où il voulait se démarquer: à vouloir trop embrasser, bien mal étreint, comme le veut l’expression consacrée. On cherche en vain l’esprit du jeu, ce qui l’anime, au-delà de « voilà des autos et des styles de course, amusez-vous ».
Et cette sensation de tourner en rond en tentant désespérément de trouver un fil conducteur n’est en rien aidé par cette monétisation à outrance qu’on nous lance au visage avant même que le jeu ne soit lancé, soit directement dans le logiciel Uplay (dont l’existence continue défie la bonne marche de l’univers).
Dès notre arrivée dans le jeu, on ne sait plus trop où on en est, avec une mosaïque évoquant de multiples événements et contenus supplémentaires, contenus qui sont évidemment payants. Et une fois que l’on parvient à sortir de cet écran, en repérant, en très pâle en bas à droite, qu’il faut maintenir la touche B de notre manette pour quitter ce menu, on tombe dans le « Social Club » du jeu, où l’on peut notamment acheter des voitures (virtuelles, évidemment), ou encore admirer des véhicules personnalisés.
Il faudra encore sortir de cet espace pour finalement arriver dans l’espace principal du jeu, là où il est possible de conduire et de participer à des épreuves.
On passera largement sous silence, aussi, cette possibilité de récupérer (ou d’acheter, évidemment) diverses pièces pour modifier son véhicule: puisque les épreuves préliminaires – et elles sont nombreuses – sont disputées à l’aide de voitures « prêtées », qui sont largement meilleures que la sélection offerte en début de partie, on se demande franchement pourquoi il serait nécessaire de cumuler les expériences et les podiums afin de bonifier un véhicule qui ne sert largement, pendant longtemps, qu’à aller d’un point A à un point B.
Avec une structure centrale solide, Motorfest pourrait être un excellent jeu. Malheureusement, le titre est noyé dans des mécaniques inintéressantes et des microtransactions agressives. Ubisoft a ainsi créé un jeu qui sape sa propre énergie.
The Crew Motorfest
Développeur: Ivory Tower
Éditeur: Ubisoft
Plateformes: PlayStation 4 et 5, Xbox One et Series, Windows (testé sur Windows/Uplay)
Jeu non disponible en français