L’idée semble simple: utiliser moins de café pour économiser de l’eau et quantité d’autres ressources naturelles, dans un monde où les terres arables sont menacées, alors que la demande pour « l’or noir » augmente. Chez Café Castelo, une entreprise située en banlieue de Québec, on affirme avoir réussi ce tour de force à l’aide d’une mouture dite universelle.
Suffit-il seulement de mieux moudre le café, donc? Oui… et non. Car le raisonnement habituel, lorsqu’il est question de café, est qu’une plus grande quantité de café moulu, par rapport à la quantité d’eau utilisée, donne un café au goût plus corsé. Et cela, sans compter la torréfaction elle-même, soit le processus de traitement des grains de café avant qu’ils ne soient moulus, qui a lui aussi une incidence sur le goût du breuvage.
Cependant, quiconque a déjà préparé du café aura constaté qu’une bonne partie du café moulu demeure dans le filtre, dans le fond de la capsule, dans le fond de la cafetière… Bref, une proportion non négligeable du café est inutilisée, ou ne sert que partiellement à produire notre dose quotidienne de caféine. Et on aura beau mettre ensuite le tout au compost, ou encore recycler ses capsules pour sa machine Nespresso (ou autre), les ressources utilisées pour produire le café ont malgré tout été perdues.
Après tout, ce n’est pas le café composté au Québec qui permettra aux producteurs de l’Amérique du Sud ou de l’Afrique de retrouver ce qui a été investi dans leur culture des grains.
En entrevue, le patron et fondateur de Café Castelo, Predrag Okuka, qui a fui les Balkans avec son épouse, Nikolina, au milieu des années 1990, pour s’installer près de Québec, a rappelé que pour chaque kilo de café produit, il aura été nécessaire d’utiliser 18 000 litres d’eau. « Que vous achetiez des crédits carbone, que vous plantiez ensuite des arbres au Canada ou n’importe où ailleurs dans le monde, ensuite, cette eau-là a été utilisée », a-t-il martelé à plusieurs reprises.
Et devant l’accélération de la crise climatique, avec notamment des épisodes de sécheresse qui se multiplient, l’augmentation de la désertification, le tout combiné à une forte augmentation de la demande pour le café, M. Okuka estime que la solution de son entreprise est la seule option logique dans ce contexte.
Au dire de l’entreprise, la mouture spéciale mise au point après environ 30 ans de travaux de recherche, permet non seulement d’être employée dans toutes les cafetières et pour produire tous types de cafés, mais aussi de réduire de façon importante les quantités de café requises pour produire un résultat ayant le même goût et la même puissance, en termes de caféine, qu’un café ordinaire.
Ainsi, il serait possible, affirme-t-on, d’économiser jusqu’à 40 % de café lors de la préparation d’un café filtre, ou encore jusqu’à 25 % de café en préparant de l’espresso.
Mieux encore, affirme M. Okuka, puisque Café Castelo vend son café moulu au même prix que son café en grains, plus besoin d’acheter un moulin pour l’utiliser à domicile. Et donc, soutient-il, pour la même quantité de café produite, jusqu’à 50 % de grains en moins seront consommés, ce qui entraîne des économies d’essence pour le transport, ainsi que des réductions d’énergie pour moudre les grains. Sans compter la réduction du gaspillage à la maison.
Bien entendu, Café Castelo vise aussi le secteur commercial et institutionnel. Avec, à la clé, d’importantes économies pour les hôtels, restaurants, centres de congrès, etc.
Pour cela, il faut convaincre les consommateurs. D’où cette tournée médiatique, qui comprend une livraison de café aux bureaux de Pieuvre.ca à des fins de dégustation.
Et donc, ce café, est-il bon? En utilisant quatre cuillérées, plutôt que sept, pour une carafe de 14 tasses, le résultat nécessite un peu d’adaptation gustative. Mais le résultat est agréable, dans l’ensemble. De quoi se dire que l’adaptation climatique peut effectivement être relativement facile, sans nécessairement perdre ce plaisir caféiné.