Le cirque Alfonse ne fait pas dans la dentelle… Ses artistes, vraiment talentueux dans de multiples domaines des arts du cirque, ressemblent davantage à des coureurs des bois de la région de Lanaudière dont ils sont issus, qu’aux jeunes sortants de quelque école de cirque actuelle.
Du coup, le spectacle est haut en couleur… et en son. Sur fond de musique entrainante jouée sur scène par trois musiciens électro qui nous replongent dans les thèmes de la musique et des chansons traditionnelles du Québec du 19e siècle, la troupe composée de deux femmes et de cinq hommes – tous extraordinaires et presque tous barbus – mêle la virtuosité et l’humour, la souplesse et la force avec la grosse farce, pas toujours très délicate et parfois même bien arrosée de bière.
Dans l’espace Saint-Denis, où les sièges des spectateurs ont été remplacés par des tables style cabaret, et où des vidéos à 360 degrés montrent des images de terroir, une scène relativement exiguë au centre est réservée au spectacle.
Cela rend les performances d’autant plus difficiles à réaliser. Le sol parait glissant, l’espace inconfortable au regard des arts circassiens. Mais pour les spectateurs, les artistes sont au plus près de leurs yeux et de leurs émotions, et ils sont vraiment en mesure d’apprécier la difficulté de leurs exploits.
Ainsi, le spectacle débute en patins à roulettes sur cette trop petite scène, se poursuit sur des acrobaties alourdies par ces mêmes patins encombrants. Et les numéros s’enchaînent (sans les patins) à toute allure avec les acrobaties les plus vertigineuses, les pyramides improbables, les contorsions étonnantes et tout un ensemble de numéros parfaitement réalisés et qui donnent la pleine mesure de leurs difficultés.
Aux performances se mêlent l’humour et la prestidigitation. On jongle avec des objets très légers comme des balles de ping-pong dans la bouche, ou très lourds, comme un fut de bière, rempli de bière… Un supposé mage fait avaler un sabre à sa deuxième tête. Il fait aussi disparaître une femme dans une boite minuscule et réduite encore par des modules énormes qui y pénètrent, pour la transformer finalement en femme à barbe.

La force est dans le poil, dit-on souvent. Dans ce spectacle de la compagnie Alfonse, le poil de barbe et le cheveu prennent une place primordiale à la fois dans les numéros qui suscitent le gros rire et dans les plus périlleux.
L’un des numéros que j’ai peut-être trouvé le plus impressionnant est celui de cette artiste contorsionniste qui n’est suspendue dans les airs que par le chignon de sa chevelure… quelque chose d’absolument incroyable! Une performance qui décoiffe, sauf pour la principale intéressée, dont on se demande comment une chose pareille est même possible pour elle.
Barbu est incroyablement varié et créatif dans sa proposition. C’est un spectacle à ne pas manquer pour les plus de 13 ans, où quasiment tout l’éventail des arts du cirque est réalisé, et cela avec la plus grande dextérité.
Barbu
Foire électrotrad par Cirque Alfonse – Québec – Canada
Artistes de cirque : Antoine Carabinier Lépine, Jonathan Casaubon Ugo Dario, Lucas Jolly, Laura Lippert, Gen Morin, Guillaume Saladin, Tom Flanagan
Musiciens : Josianne Laporte, Dâvi Simard, Colin Savoie-Levac
Mise en Scène : Alain Francoeur
Direction artistique : Antoine Carabinier Lépine et Julie Carabinier Lépine
Barbu, 6 au 16 juillet 2023 à l’Espace Saint-Denis à Montréal