Cela ne surprendra personne que celui derrière The Good Dinosaur, sorte de dérivé vite oublié de Finding Nemo, Ice Age et The Lion King notamment, aura à nouveau pondu une création de Pixar entre la figue et le raisin, la satisfaction et la déception. Contre toutes attentes, toutefois, on ressortira de ce Elemental avec un goût en bouche tout sauf amer.
Quelle belle idée de confier les voix principales du long-métrage à des interprètes peu connus qui s’acquittent à merveille de la tâche. Avec beaucoup de vigueur, on s’attachera au travail vocal de Leah Lewis et Mamoudou Athie, au point d’à peine remarquer la présence de Catherine O’Hara et Wendi McLendon-Covey, rares noms prestigieux de la distribution. Au contraire, tout en permettant à de la relève de briller, cela permet aussi de porter toute l’attention sur le reste ce que parfois beaucoup de films d’animations oublient, trop occupés à essayer de trouver des éléments qui attireraient les foules autres que… l’animation justement.
Cela dit, malheureusement, c’est aussi l’occasion de s’attarder plus longuement aux défauts du film, plus nombreux qu’on le voudrait. D’abord, les dialogues nous rappellent pourquoi le précédent film du réalisateur Peter Sohn était pauvre en répliques. Si les voix sont animées (sans mauvais jeu de mots), il y a difficilement une déclaration qui ne soit pas là pour faire passer un message ou s’attarder à des valeurs véhiculées par la production.
C’est que cette fois, M. Sohn y est allé d’un projet très personnel directement inspiré à la fois du parcours de ses parents que de son lien face à ceux-ci. Et disons que le film a envie de ratisser large, son discours sur les différences passant du rejet à l’aliénation jusqu’aux notions de sacrifice, entre faire ce qu’on devrait et faire ce qui nous plairait vraiment, un message sur l’immigration inclus parmi d’autres.
Il est ironique, aussi, que tandis que ce qui était le plus réussi lors de son premier long-métrage, c’est-à-dire la qualité technique de l’animation, fasse défaut ici, dans un film qui justement s’intéressait aux éléments de la nature, en leur donnant littéralement vie.
On apprécie énormément le travail de recherche qui a été fait pour définir ces éléments, les repousser, les allier, mais on se désole que nos yeux ne savourent pas davantage cet univers a priori inédit qui se dessine devant nous.
Également, histoire de vouloir perpétrer la tradition, on sent que le réalisateur a eu vraiment envie, coûte que coûte, de faire honneur à ses mentors et de nous soutirer le plus d’émotions possibles.
Tellement, en fait, que l’exercice devient vite fastidieux, parce que Sohn n’est pas Pete Docter et son film est bien loin d’être Inside Out ou Soul, et qu’il comprend beaucoup moins la notion de sacrifice d’un point de vue scénaristique.
On déplore aussi que plusieurs éléments qui seraient normalement essentiels à l’histoire sont ici bien souvent évacués à toute vitesse après avoir été utilisés.
Certes, le message est joli et la chimie opère grandement avec nos personnages principaux. On est tour à tour charmé et déchiré par cette idylle interdite entre le feu et l’eau, deux éléments pourtant contraires et, surtout, qu’on croit incompatibles.
Enfin, on aurait voulu que le film soit moins appuyé à tous les niveaux. Qu’on laisse le tout respirer et qu’on n’essaie pas de nous enfoncer dans le gosier qu’il s’agit à la fois d’une histoire d’amour, mais aussi d’une histoire de famille et que les deux sont très, très, très importants. Tellement, que même les enfants pourraient en venir à lancer tout haut que c’est beau, le message est passé. Surtout que le public cible sans s’approcher certainement davantage aux adolescents cette fois.
On garde quand même un souvenir lumineux de l’exercice qui éveille les sens à la différence, à la tolérance et à l’ouverture et qui finit par faire du bien, les mélodies aussi surprenantes que facilement reconnaissables de Thomas Newman en prime.
À noter que le film est précédé du pitoyable court-métrage Carl’s Date, sorte de mini-suite au magnifique Up qui ne lui rend en rien hommage.
6/10
Elemental prend l’affiche en salle ce vendredi 16 juin.