Vous êtes-vous déjà demandé comment Steven Spielberg est tombé en amour avec le cinéma et a décidé de devenir réalisateur? Le film autobiographique The Fabelmans, disponible cette semaine en 4K, Blu-ray et DVD, apporte la réponse à ces questions.
Le 10 janvier 1952, les parents de Sam Fabelman décident de l’initier pour la première fois au cinéma, et l’emmènent dans une salle du New Jersey pour assister à la projection de The Greatest Show on Earth. Le long-métrage de Cecil B. DeMille présente une collision entre un train et une voiture qui impressionne fortement le garçon. Dans les jours suivants, il tente de reproduire la scène avec son train électrique et l’une de ses petites autos, mais craignant qu’il ne brise ses jouets, sa mère lui propose de capturer l’accident miniature avec la caméra 8 mm de son père, puis de regarder le film autant de fois qu’il le voudra. À partir de ce moment, Sam a la piqûre et commence à filmer tout ce qui l’entoure, inventant même des saynètes avec la complicité de ses sœurs. Bien que son père considère la passion de son fils comme un simple hobby, celui-ci est bien déterminé à devenir réalisateur.
Il est certainement plus facile de raconter l’histoire des autres que la sienne, et même s’il a déjà fait une référence au divorce de ses parents dans E.T. the Extra-Terrestrial, Steven Spielberg signe son œuvre la plus personnelle à ce jour avec The Fabelmans, dans lequel il se livre avec beaucoup de générosité. Axé sur son enfance et son adolescence, le long-métrage permet de comprendre comment le célèbre réalisateur a développé sa passion pour le cinéma, qui le suivra tout au long de sa vie, et montre ses premiers balbutiements, alors qu’il tourne des westerns et des films de guerre amateurs avec ses amis, découvrant au passage l’usage du storyboard, du montage, des effets spéciaux, et l’importance de la musique pour augmenter l’émotion véhiculée par les images. L’intrigue se termine avec son embauche par CBS et la rencontre de son idole, le cinéaste John Ford, qui lui donnera un précieux conseil.
The Fabelmans est également l’histoire d’une famille juive peu conventionnelle, et Spielberg rend ici un hommage touchant à ses parents décédés, Arnold et Leah (rebaptisés Burt et Mitzi). Ingénieur et pionnier de l’informatique, l’embauche de son père chez General Electric et IBM forcera le clan à déménager en Arizona, puis en Californie. Sa mère était une pianiste de talent qui mettra sa carrière de côté pour s’occuper de ses enfants, mais finira par quitter son mari. C’est en regardant les images qu’il avait tournées lors d’un voyage de camping que Sam remarquera l’affection entre celle-ci et « l’oncle Bennie », un ami de la famille. Ce faisant, le jeune homme s’apercevra alors que si le cinéma peut créer de l’illusion, il peut également révéler la vérité, une leçon qu’il mettra en pratique dans plusieurs de ses œuvres ultérieures.
Avec plus de cinquante années de métier à son actif, la réalisation de Steven Spielberg dans The Fabelmans est évidemment irréprochable, et d’une grande qualité. La reconstitution des films amateurs en 8 mm réalisés durant sa jeunesse est très amusante, et le réalisateur montre bien le côté artisanal du cinéma de l’époque, alors qu’il fallait couper et coller la pellicule à la main au moment du montage. Il dirige aussi ses acteurs de manière très naturelle. Si Paul Dano est excellent dans la peau du père très réservé, c’est surtout Michelle Williams dans le rôle de sa mère qui crève l’écran. Interprétant le jeune Spielberg avec brio, le comédien Gabriel LaBelle a manifestement une longue et belle carrière devant lui. Jouant Bennie, l’ami de la famille, Seth Rogen, surtout associé à la comédie, montre qu’il est aussi capable de tenir des rôles dramatiques. L’apparition de David Lynch, qui incarne John Ford, constitue également un beau clin d’œil.
La version ultra-haute définition de The Fabelmans inclut le film sur format 4K et Blu-ray. On retrouve une cinquantaine de minutes de matériel supplémentaire sur l’édition, réparti en trois revuettes. Dans la première, Spielberg et le coscénariste Tony Kushner évoquent la genèse du projet, amorcé durant le tournage de Munich. La seconde aborde le difficile choix des comédiens. Le réalisateur y confie également qu’il a partagé plusieurs souvenirs de ses parents avec les acteurs les jouant à l’écran. La dernière revuette se concentre sur la reconstitution d’époque, la direction artistique, et l’aide précieuse de ses trois sœurs pour recréer fidèlement chaque pièce de la maison familiale.
The Fabelmans révèle la façon dont Steven Spielberg est tombé amoureux du cinéma ainsi que ses premiers pas dans le métier, mais au-delà de la simple autobiographie, ce film touchant plaira également au grand public, à travers l’histoire de cette famille à laquelle tous pourront s’identifier.
7.5/10
The Fabelmans
Réalisation: Steven Spielberg
Scénario: Steven Spielberg et Tony Kushner
Avec: Michelle Williams, Paul Dano, Gabriel LaBelle, Judd Hirsch, Seth Rogen, Mateo Zoryan, Keeley Karsten et David Lynch
Durée: 150 minutes
Format: UHD (4K et Blu-ray)
Langue: Anglais, français et espagnol