Power Chord, un jeu de stratégie développé et publié par Big Blue Bubble, impressionne dès l’ouverture : une esthétique de bande dessinée dépeint un univers métal dystopique dans lequel des démons exilés ont trouvé un accès au monde des humains, et la tâche de les éliminer à grands coups d’accords musicaux nous revient. L’histoire, bien que générique, ceinture son contenu avec un naturel déconcertant, et on se demande pourquoi il n’y a pas eu plus de jeux qui relient le genre musical à cette esthétique particulière.
Le groupe se forme rapidement des membres classiques, soit un guitariste, un batteur, un bassiste, et une chanteuse. À travers une quête linéaire traversant quatre chapitres, plusieurs récompenses sont débloquées, permettant de modifier à la fois l’aventure en cours et celles qui suivront. Dans Power Chord, le but est de progresser le plus loin possible, idéalement jusqu’au bout, avant de mourir et de devoir tout reprendre du début (avec les éléments débloqués jusque-là).
Chaque chapitre débute sur une carte avec plusieurs embranchements, avec une progression de gauche à droite jusqu’à l’inévitable boss du niveau. Pour progresser, il faut planifier sa route selon les combats, les magasins, les points de repos et événements au hasard, tous représentés dès le départ par leur propre icône.
Les groupes d’adversaires sont composés de démons avec les mêmes rôles fondamentaux que ceux de notre groupe, mais leur formation est aléatoire; les chanteurs guérissent et rendent leurs alliés plus forts, les guitaristes attaquent de plus en plus fort, les bassistes infligent des malus à l’équipe adverse, et les batteurs protègent.
À tour de rôle, joueur et ennemis s’attaquent : le joueur connait les intentions de ses adversaires avant que ceux-ci ne s’exécutent, mais en contrepartie, les attaques disponibles dépendent des cartes pigées au début du tour, ainsi que de l’énergie disponible.
Chaque carte a un effet et un coût, et il faut savoir jongler avec les ressources pour déjouer l’ordinateur, tout en accomplissant nos propres objectifs. Par exemple, faut-il se défendre contre une attaque pour préserver sa vie à long terme, ou être plus agressif et peut-être vaincre un adversaire de plus? Chaque personnage peut également s’équiper d’objets pour s’aider, et chaque boss octroie une récompense qui peut s’avérer autant bénéfique que nuisible.
Pour traverser les chapitres de Power Chord, il faudra donc jongler avec le hasard, assembler les cartes les plus efficaces, prévoir la route optimale, et avoir un peu de chance. Heureusement, perdre n’est pas la fin, mais plutôt l’occasion de recommencer avec des meilleures récompenses disponibles. La répétition pourra en freiner quelques uns, mais ceux qui aiment le style de jeu y trouveront leur compte, sans compter le visuel et l’univers présentés, qui sont pour moi le ruban autour du cadeau. Et finir le jeu ne signifie pas plus la fin de l’aventure; il y a des défis à relever, pour les plus audacieux.
Power Chord a tout pour plaire, et pourtant, les avis sont partagés. Je crois qu’outre la répétition due à son genre, le jeu souffre de l’accord de ses éléments; alors que visuellement et auditivement, tout est éclatant, les tours se déroulent plutôt lentement, ce qui pourrait laisser certains joueurs sur leur faim. On parle de 30 à 40 minutes par chapitre, pour environ 2 heures à 2 heures 30 pour une tentative (qui se résulte souvent par un échec).
Je recommande Power Chord pour ceux qui ont aimé Slay The Spire ou d’autres jeux de ce genre, et qui ont un penchant pour le style bande dessinée ou le folklore relié à la musique métal, mais il ne faut pas approcher ce titre en s’attendant à un jeu d’action rapide. Le jeu a même tendance à ralentir au lancement des cinématiques occasionnelles, et cela même sur un ordinateur décent. Mais offrez lui le temps qu’il mérite, et Power Chord vous le rendra bien.
8/10
Power Chord
Développeur et éditeur : Big Blue Bubble
Plateforme : Windows (testé sur Steam)
Jeu non disponible en français