L’année 2023 sera difficile, sur le plan économique, pour le Canada et les États-Unis, alors que la croissance devrait être ralentie par l’inflation et la hausse des taux d’intérêts.
Ce constat est celui des spécialistes de l’Economist Intelligence Unit (EIU), qui estiment que les deux puissances industrielles d’Amérique du Nord feront face à des « vents contraires », l’an prochain. De fait, ces experts estiment que l’économie américaine sera pratiquement condamnée à faire du surplace, avec une croissance anticipée d’à peine 0,1 % du PIB, sur un an, aux portes de la récession.
Au Canada, il est plutôt estimé que la forte demande pour les ressources naturelles aidera l’économie nationale à surnager, « même si la politique monétaire agressive aura aussi son impact sur la croissance », lit-on dans la note d’information.
Chez l’Oncle Sam, toujours, les spécialistes de l’EIU jugent que la Réserve fédérale américaine, qui dicte les taux d’intérêt sur lesquels s’appuient les banques, donnera un nouveau tour de vis, en début d’année prochaine, pour amener ceux-ci à 4,5, voire 4,75 %, « soit deux fois plus haut que lors du précédent cycle de resserrement », toujours dans l’objectif de combattre l’inflation.
Celle-ci, qui fait particulièrement mal au portefeuille des ménages les moins fortunés, a atteint un pic de 8,1 % cette année, le taux le plus élevé depuis 40 ans. Dans environ un an, la croissance des prix devrait avoir légèrement diminué, quelque part entre 6 et 7 %, estime-t-on.
Cela n’empêchera cependant pas les prix de continuer d’augmenter, un phénomène alimenté par la demande pour les matières premières, certes, mais aussi par la consommation des particuliers, qui n’a toujours pas ralentie de façon significative après l’embellie post-pandémie.
Aura-t-on une récession en début d’année prochaine? Les experts de l’EIU ne se prononcent pas de façon claire, mais disent s’attendre à un recul du PIB pour la fin de 2022 et le début de 2023; la définition technique d’une récession est ainsi de deux trimestres consécutifs de décroissance du PIB, mais le marché de l’emploi continue d’être particulièrement solide, ce qui peut faire mentir les indicateurs.
Une bonne croissance au Canada
Au nord de la frontière, les tendances sont plus rassurantes, jugent les auteurs de la note d’information. Ainsi, le Canada devrait enregistrer « la plus forte croissance économique des pays du G7 » en 2023… Ce qui peut être à la fois être une bonne et une mauvaise chose, selon si ces autres pays conservent leur croissance économique, ou s’ils s’enfoncent dans la récession.
Malgré tout, tous les voyants économiques ne sont pas au vert, au Canada : les experts de l’EIU évoquent ainsi les décisions de la Banque du Canada, qui continue de hausser son taux directeur pour inverser la tendance en matière d’inflation, ainsi que la pénurie de main-d’oeuvre, qui perdure.
Ainsi, on comptait environ 900 000 emplois vacants au pays, en date du deuxième trimestre de cette année.
De retour chez nos voisins du Sud, la saison électorale de 2024, avec l’élection présidentielle à la clé, est déjà lancée, et cette course à l’investiture, puis à la victoire électorale, pourrait avoir un impact sur la stabilité économique nationale.
Autrement, 2023 sera une autre année où Washington et Ottawa tourneront le regard vers l’Europe de l’Est et vers l’Asie, alors que la Russie et la Chine devraient continuer d’occuper les manchettes. Là encore, l’aide apportée à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, les sanctions contre Moscou et le désengagement vis-à-vis de l’économie chinoise pourraient avoir un effet délétère sur les économies des deux pays.