Si l’opinion publique occidentale s’est largement rangée du côté de l’Ukraine, depuis le début de l’invasion russe, en février dernier, les armées de Kiev se sont elles aussi rendues coupables d’atrocités, à l’instar des forces russes, révèle un nouveau rapport du Bureau des droits de l’homme de l’ONU.
Selon le document en question, des prisonniers de guerre des deux camps ont été victimes de torture et de mauvais traitement, « y compris des décharges électriques ou une nudité forcée ».
Le Bureau précise que pour les ukrainiens capturés au combat, « la grande majorité » ont subi ces gestes pourtant interdits par les conventions internationales en vigueur. « Dès leur capture, certains prisonniers de guerre ukrainiens ont été battus ou ont vu leurs effets personnels pillés », mentionne-t-on, avant d’indiquer que ces prisonniers ont souvent été ensuite transportés vers des lieux d’internement selon des méthodes « qui suscitent des inquiétudes ».
Matilda Bogner, responsable de la Mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine et rattachée au Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, a notamment fait état d’un Ukrainien capturé, à qui des geôliers russes ont attaché des fils à ses parties génitales et à son nez, avant de lui « donner des chocs », sans vraiment chercher à l’interroger.
« D’une manière générale, les prisonniers de guerre sont soumis à des « procédures d’admission » dès leur arrivée dans certains lieux d’internement, selon les témoignages recueillis par l’ONU. Durant ces « procédures », ils sont passés à tabac de façon prolongée, menacés, attaqués par des chiens ou déshabillés », indiquent encore les auteurs du rapport.
Sur une période de plusieurs mois, la mission onusienne a pu s’entretenir avec 159 prisonniers de guerre détenus par la Russie et 175 prisonniers de guerre enfermés dans des prisons ukrainiennes. Si l’équipe dit avoir obtenu un accès sans entrave aux Russes détenus en Ukraine, impossible d’avoir un accès confidentiel aux Ukrainiens capturés par les Russes.
« D’autres prisonniers ukrainiens ont décrit des formes de violences physiques, notamment des coups de couteau, des tirs de pistolet paralysant, des menaces de simulacre d’exécution, des pendaisons par les mains ou les jambes et des brûlures de cigarettes », souligne le Bureau des droits de l’homme.
Des prisonnières ukrainiennes ont notamment été forcées de courir d’une pièce à une autre, nues, en plus d’avoir été battues, électrocutées et menacées de violences sexuelles.
Exécutions sommaires en Ukraine
Certains prisonniers russes, de leur côté, ont été poignardés ou ont subi des décharges électriques.
Pire encore, le rapport évoque des « allégations crédibles d’exécutions sommaires de prisonniers de guerre russes capturés par les forces ukrainiennes et de plusieurs cas de torture et de mauvais traitements ». L’armée ukrainienne elle-même aurait commis des actes de torture envers des soldats russes.
Alors que la Russie et l’Ukraine ont pourtant signé la troisième Convention de Genève, qui interdit toute forme de torture, qui plus est dans un contexte de guerre, l’ONU attend la progression d’une enquête ouverte par Kiev pour faire la lumière sur ces allégations de mauvais traitements.
D’ici à ce que des développements soient annoncés, Mme Bogner a pressé les deux camps ennemis de poursuivre toutes les allégations de violations du droit humanitaire international liées au traitement des prisonniers de guerre.