L’itinérance a augmenté dans les communautés rurales britanniques, selon une nouvelle étude de l’Université de Southampton. Les résultats de celle-ci indiquent que 88 % des personnes interrogées ont fait état d’une hausse du phénomène au cours de la dernière année seulement.
Les travaux, publiés dans le cadre du projet Homelessness in the Countryside : a Hidden Crisis, identifie les nombreuses difficultés auxquelles font face les services et les organisations cherchant à combattre le phénomène à l’extérieur des grandes villes.
Les résultats du coup de sonde indiquent qu’en zone rurale, les organisations ont l’impression d’être désavantagées, par rapport à celles se trouvant en zone urbaine; 80 % d’entre elles jugent qu’un manque de financement est le principal obstacle qui empêche de régler ce problème.
La coautrice de l’étude, la professeure Helen Carr, affirme que « l’itinérance est la conséquence des inégalités, et il existe beaucoup d’ignorance à propos des inégalités en milieu rural ».
« Les inégalités ne sont pas seulement un problème urbain. L’impossibilité de se loger à un coût décent est particulièrement marquée dans les campagnes. »
Dans le cadre du projet de recherche, les chercheurs ont constaté l’existence de plusieurs obstacles auxquels sont confrontés de nombreux habitants dans les communautés rurales britanniques. Cela va de l’absence de logements à bas prix au manque de services et d’aide, en passant par les effets de pandémie.
Les membres du projet veulent maintenant chercher à savoir comment la crise du coût de la vie pourrait créer une « tempête parfaite » pour les communautés rurales, lorsque vient le temps de s’attaquer à l’itinérance.
Selon la professeure Carr, « cela semble avoir été négligé, comme sujet de recherche ».
Ledit projet, qui s’étale sur 12 mois, consiste en une collaboration entre les universités de Southampton et de Kent, ainsi qu’avec une équipe formée d’organisations caritatives rurales et de services qui aident à loger des individus.
Au dire de Martin Collet, directeur de l’English Rural Specialist Housing Association, il existe « un grand nombre de cas d’itinérance cachée. Des gens dorment dans leur voiture, dans des remises, dans des tentes dans le bois ».
« De fait, cela n’apparaît pas dans les statistiques officielles. »
Résultats frappants
Les chercheurs, après un coup de sonde effectué auprès de 147 organisations, associations et autres regroupements liés de près ou de loin à la question de l’itinérance rurale, ont constaté les faits suivants :
- 88 % des répondants croient que l’itinérance a augmenté dans leur région, depuis un ans;
- Les facteurs qui alimentent ce phénomène sont le manque de logements abordables, les problèmes de santé mentale, la fin de relations, ainsi que la diminution du financement des organismes d’aide et des prestations sociales;
- Les services les plus en demande sont ceux en lien avec la santé mentale, ainsi que les logements d’urgence;
- La stigmatisation serait l’un des obstacles empêchant d’obtenir de l’aide pour ceux qui vivent de l’itinérance dans les campagnes.
Infrastructures et services insuffisants
Parmi les autres problèmes recensés dans le cadre de l’étude, menée dans les régions de l’Herefordshire et du Kent, les chercheurs ont constaté que les participants décriaient les réseaux de transport collectifs inadéquats, en plus d’être souvent inabordables.
Idem pour le prix du carburant, dopé sur le territoire britannique depuis le début de la crise des carburants qui fait rage sur l’île.
On déplore aussi l’absence de liens aisément praticables entre les villes rurales et les municipalités où il est possible de vendre ses produits. Cela nuit ainsi à l’accès aux services, ainsi qu’aux endroits où il est possible de répondre à ses besoins de base, comme faire l’épicerie ou obtenir des soins médicaux.
Dans certains des cas les plus extrêmes de manque d’accès aux services de base, certaines organisations sondées dans le cadre de l’étude ont fait état de gens dormant dans des églises, chez des amis, voire même dans le caniveau.
Et ces besoins sont largement appelés à augmenter au cours des prochaines années, notamment en matière d’accès aux soins en santé mentale, indiquent encore les experts.