Un nouveau sondage effectué auprès de dirigeants municipaux d’un peu partout sur la planète lève le voile sur les défis que doivent surmonter les villes, y compris l’accroissement des inégalités, l’augmentation des risques d’événements de chaleur extrême et d’inondations en raison des changements climatiques, et la nécessité de repenser les systèmes de transports qui avantagent très largement la voiture.
Le coup de sonde a été effectué par des chercheurs de l’Université Cornell et est le premier en son genre; les experts ont obtenu des données en provenance de 241 villes de partout sur la planète. On y découvre que plusieurs villes, dans les pays en développement, doivent surmonter d’énormes obstacles pour offrir les principaux services urbains qui soutiennent la croissance économique, puisqu’elles disposent de ressources fiscales très limitées.
De leur côté, les villes des pays développés font état de contraintes territoriales, de coûts immobiliers élevés, et d’une disparité entre les emplois offerts et les qualifications des résidents.
« L’avenir du monde se trouve en ville et plusieurs municipalités sont mal préparées à la croissance de la population qui se poursuivra au cours des 30 prochaines années », mentionne Victoria A Beard, principale autrice de l’étude.
« Ce sondage nous donne une perspective jamais observée auparavant : un premier aperçu des importants défis, selon les dirigeants municipaux; les domaines dans lesquels ils investiront leurs précieuses ressources municipales, tout en soulignant que les villes disposent d’une opportunité pour travailler de concert, dans diverses régions, sur des priorités communes. »
Principales conclusions
Les leaders municipaux s’entendent pour affirmer que les changements climatiques ont augmenté l’exposition à de la chaleur extrême, à des pénuries d’eau, ainsi qu’à des inondations, 43 % des dirigeants de villes en développement soulignant que les changements climatiques ont fait croître le manque d’eau.
Un peu plus de la moitié des villes dans des pays en développement indiquent disposer d’un plan de mitigation (57 %) ou de plans d’adaptation (51 %) aux changements climatiques.
Seuls 6 % des leaders municipaux de villes en développement (et 2-3 % des leaders en Afrique sub-saharienne, en Amérique Latine et dans les Caraïbes) n’ont pas rapporté avoir subi des impacts liés aux changements climatiques, comparativement à 16 % dans les villes de pays développés.
Une majorité de leaders municipaux (66 %) jugent que trop d’attention est accordée aux automobiles privées, et que les villes devraient appuyer la mobilité plus active et durable. Un total de 87 % des dirigeants sondés sont d’accord ou fortement en accord avec l’affirmation voulant que leur ville devrait être plus ouverte aux déplacements à vélo ou à pied.
Les obstacles sont particulièrement importants dans les régions en développement, particulièrement sur le plan économique. Si environ 82 % des dirigeants municipaux de villes développées considèrent que l’état économique de leur municipalité est bon ou excellent, seulement 49 % de leurs homologues dans des pays en développement affirment la même chose.
Le coup de sonde indique aussi que les villes, dans les pays en développement, n’obtiendront pas tous les avantages de l’urbanisation parce qu’elles ne possèdent pas les infrastructures centrales nécessaires, comme les routes et les systèmes de transport en commun, ainsi que les réseaux d’eau potable et d’aqueduc.
En ce qui concerne la gestion des eaux usées, le même fossé existe entre les pays développés et en développement. Chez ces derniers, environ 30 % des dirigeants municipaux ont précisé qu’il fallait encore raccorder l’ensemble des habitations au réseau, tandis que 11 % d’entre eux ont indiqué que leur ville ne possédait simplement pas de station de traitement des eaux usées.
Et pour ce qui est de la reprise post-pandémique, les leaders municipaux affirment que leur ville respective revient à la normale. Seulement 17 % des élus des pays en développement affirment que la situation est toujours problématique, mais cette proportion baisse à 7 % dans les pays développés.
Ce qui unit – tristement, sans doute – les deux groupes de dirigeants, c’est les nombreux problèmes en matière de santé et de santé mentale. Mais là encore, chez les pays en développement, les enjeux sont si nombreux que seulement la question de l’accès à des soins de qualité a été choisi par plus du tiers des responsables.
Enfin, les villes manquent d’argent et de ressources. Si 85 % des dirigeants municipaux des pays industrialisés disent pouvoir payer les dépenses à venir pour la prochaine année, ce taux chute à seulement 59 % dans les pays en développement.