Six mois, jour pour jour, après que la Russie eut envahi l’Ukraine, l’Organisation des Nations unies réitère son appel à l’évacuation, par les forces des deux nations belligérantes, de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus importante d’Europe. Selon l’ONU, agir autrement pourrait mener à une catastrophe nucléaire d’une ampleur encore jamais vue.
Dans une déclaration devant le Conseil de sécurité, la secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a martelé que « tous les soldats, ainsi que le matériel militaire, doivent quitter la centrale ».
Kiev et Moscou s’accusent mutuellement, depuis plusieurs jours, de bombarder le site et ses alentours; la Russie est aussi allée jusqu’à menacer de stopper le fonctionnement des réacteurs, une procédure complexe « particulièrement dangereuse », a rétorqué l’Ukraine.
L’endroit, passé sous contrôle militaire russe à la fin mars, mais dont l’activité est toujours gérée par du personnel ukrainien, a été visé par de nombreux tirs d’artillerie, au début du mois. Le secrétaire général, Antonio Guterres, avait alors discuté de cet important et épineux dossier avec le ministre russe de la Défense, Sergueï Shoïgu, mais aussi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, indique l’ONU sur son site web.
« Appelant de nouveau à un accès « immédiat, sûr et sans entrave » d’une équipe de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur le site, Mme DiCarlo a certifié que l’ONU disposait en Ukraine des capacités logistiques nécessaires pour envoyer une mission vers la centrale depuis Kiev. »
« À la condition que l’Ukraine et la Russie soient d’accord », a bien répété la haute responsable onusienne.
De son côté, le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, avait déjà appelé, le 19 août dernier, « à une retenue militaire maximale » dans la zone de la centrale.
Qualifiant la situation à la centrale de « hautement volatile et fragile », le chef de l’agence avait averti que toute nouvelle escalade autour de l’un des six réacteurs de Zaporijjia pourrait conduire à un « accident nucléaire grave ».
L’agence de l’énergie atomique poursuit d’ailleurs les préparations d’une mission de surveillance. Pour sa part, Mme DiCarlo a rappelé que non seulement une escalade des tensions pouvait entraîner une catastrophe nucléaire, mais que l’interruption de la production d’énergie de la centrale aurait elle aussi des impacts très importants sur le plan humanitaire.
« Tout dommage potentiel à Zaporijjia serait suicidaire », a-t-elle encore déclaré.
Un procès qui inquiète
Par ailleurs, l’ouverture possible, prochainement, de procès contre les combattants ukrainiens du régiment Azov, qui a défendu la ville de Marioupol pendant des semaines face aux forces russes, avant d’être contraints à la reddition, fait craindre le pire.
« Bien que peu de détails ne soient disponibles, des photos et des séquences vidéo publiées dans les médias et sur les médias sociaux semblent montrer des cages métalliques en cours de construction dans la salle philharmonique de Marioupol, apparemment pour retenir les prisonniers de guerre pendant le procès », a fait savoir une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Ravina Shamdasani.
Pourtant, a rappelé cette dernière, le droit international garantit une immunité du combattant aux personnes bénéficiant du statut de prisonnier de guerre. Ils ne peuvent donc pas être poursuivis « pour avoir participé à des hostilités ou pour des actes de guerre licites commis au cours du conflit armé, même si ces actes constitueraient autrement une infraction en vertu du droit national », a mentionné Mme Shamdasani.
L’ONU dit aussi s’inquiéter de la composition des magistrats, des crimes pour lesquels les accusés seraient poursuivis, ainsi que du manque de possibilités de visites auprès des prisonniers de guerre, et du fait qu’ils soient exposés à la menace de tortures et d’abus pour obtenir des aveux.