Huit ans après un attentat terroriste survenu à Vienne, en 2012, Henry Pelham, un agent de la CIA, est chargé de faire la lumière sur cette sombre affaire qui s’est terminée avec la mort des preneurs d’otages et de l’ensemble des passagers et des membres d’équipage d’un vol en provenance de Turquie. Dans All the Old Knives, Chris Pine emprunte ainsi un rôle effacé, qui tranchera avec ses apparitions habituelles au grand écran.
Réalisé par Janus Metz Pedersen, et adapté du livre du même nom, All the Old Knives tente quelque chose de très largement absent du répertoire cinématographique des dernières années : représenter une histoire d’espionnage, certes, mais qui ne s’articule pas autour des courses poursuites, des explosions et des vedettes de films d’action qui refusent de vieillir.
Avec une distribution solide (Lawrence Fishburne, Thandiwe Newton et Jonathan Pryce, notamment… sans oublier Pine), le film part sur de bonnes bases. L’affaire est suffisamment floue – une histoire d’appel téléphonique passé à celui qui pourrait être le chef des terroristes – pour que des doutes subsistent jusqu’à la fin sur l’identité de la personne qui a trahi son pays. Et pour quelle raison, au fait, accepterait-on d’aider des fous de Dieu?
Les minutes du film s’égrènent surtout sous la forme de longues conversations, les principaux personnages revivant les événements a posteriori, afin de débusquer l’identité du ou de la coupable.
Tout cela est fort bien, mais force est d’admettre qu’il manque quelque chose à la formule pour que le long-métrage fonctionne vraiment. La faute n’est pas du côté des dialogues, ou encore du jeu des acteurs, mais plutôt de la période historique durant laquelle se déroule le film. La guerre contre le terrorisme a toujours été quelque chose de nébuleux, sans adversaire clair – à l’exception du cliché du taliban barbu vivant dans le désert, et même cette image peut être celle d’un simple paysan habitant en Afghanistan ou au Pakistan.
Ce qui a disparu, avec la chute de l’URSS, c’est cette notion que l’ennemi de l’Occident était clairement désigné. C’était le Russe, le Soviétique, ou à tout le moins l’Européen de l’Est. Bien que cela soit impossible, All the Old Knives aurait gagné à ressembler davantage aux romans de John Le Carré, qui étaient de véritables chefs-d’oeuvre. Mais cette époque est révolue, et le genre du film d’espionnage semble être condamné, pour l’instant, à ressembler à un clone de Mission : Impossible pour réussir à attirer un public.