La réputation du cinéaste Jacques Audiard n’est plus à faire. Un prophète avait raflé les honneurs à Cannes, il y a maintenant plus d’une décennie, et si Les Olympiades n’a pas nécessairement l’ambition de ce précédent effort cinématographique, des thèmes essentiels y sont abordés, le tout dirigé d’une main de maître.
Dans le quartier des Olympiades, situé à l’intérieur du 13e arrondissement, à Paris, les vies se sont et se défont au rythme du temps. Le tout en noir et blanc, avec ici et là, très rarement, une touche ou deux de couleur. Le reste du temps, nos protagonistes, qui ne sont pas vraiment des héros, explorent leur existence en nuances de gris. Un choix adéquat, en fait, puisque Les Olympiades explore l’ambigu, le non-dit et l’incompréhension.
Il y a donc Camille, jeune professeur à la recherche d’un appartement en colocation, qui tombe sur Émilie, jeune femme cherchant un peu un sens à sa vie. De fil en aiguille, ils en viendront très rapidement à coucher ensemble, une relation sans véritable définition que le jeune homme viendra rompre promptement.
Tout le film, en fait, une adaptation de trois nouvelles érotico-sentimentales, tournera autour de la relation entre Émilie et Camille. Les deux jeunes adultes vont se retrouver, puis se brouiller et s’éloigner de nouveau, alors qu’interviendra aussi Nora, une femme qui elle aussi se cherche, et trouvera un étrange alter ego sous la forme d’Amber, le nom d’emprunt d’une autre jeune femme vendant du contenu pornographique en ligne.
À travers ce maelström de sentiments, de désirs et de corps, la caméra d’Audiard vogue ici et là, sans véritables tabous. De fait, les relations sexuelles, au demeurant nombreuses et variées, sont offertes ici sans gêne, dans ce qui a tout l’air d’une série d’actions basées sur le respect. Bien entendu, il est impossible de savoir si les acteurs ont été correctement accompagnés dans tout ce processus, mais au moins, les échanges de fluides entre les personnages sont non seulement généralement teintés de sentiments – plutôt que de tomber dans la porno pure et dure –, ils sont aussi respectueux de diverses approches par rapport à la sexualité, y compris la possibilité, pour une femme, d’interrompre les ébats si l’envie l’a quittée.
Certes, le progressisme sexuel à lui seul ne permet pas de faire un bon film… Ceci étant dit, Audiard réussit à construire une série de courtes histoires qui fonctionnent, le tout en 1h40 et des poussières, sans qu’il soit nécessaire de trop expliquer les personnages, ni de trop les survoler. Les protagonistes sont là, ils existent, chacun avec ses joies, ses peines, ses désirs et ses craintes. Et l’ensemble clique, tout fonctionne. On a l’impression de passer quelques jours avec des gens pas toujours parfaits, il faut l’admettre, mais avec des gens vrais. Et ça, c’est rare sur grand écran.