Dans son atelier situé non loin du lac Memphrémagog, André Desjardins crée. Peintre, mais aussi sculpteur, l’homme proposera, dans le cadre du film Libre, un aperçu non seulement de son processus artistique, mais aussi une fenêtre sur sa psyché, sa personnalité, ce qui le pousse à donner vie à ses pensées sous la forme d’oeuvres d’art tout à fait concrètes.
D’abord présenté au Festival international du film sur l’art, Libre, un documentaire d’Hélène Bélanger-Martin – qui est aussi la conjointe de M. Desjardins –, est une oeuvre intimiste. Normal, en un sens, vu les liens qui rattachent la réalisatrice et le sujet de son long-métrage, certes, mais au-delà de cette filiation, on a ici droit à une réflexion sur l’art, sur la vie.
Dans des paysages magnifiques, le cinéphile a le temps de prendre une pause. Devant tant de beauté et de majesté, qui a envie d’entendre parler de la pandémie? De la guerre en Ukraine? De la crise climatique? Bien entendu, il faudra bien revenir à la réalité, et malheureusement plus tôt que tard, mais la vie d’André Desjardins semble… simple. Simple comme le fait de pouvoir se consacrer à sa passion. De pouvoir créer, de pouvoir imaginer de nouveaux mondes, ses habitants, et être en mesure de leur procurer une matérialité, dans ce cas-ci sous la forme d’une sculpture gigantesque.
Bien entendu, cette opportunité n’est généralement pas offerte à tous. Mais Libre a certainement la bonté de nous montrer qu’au-delà de la question de l’accès à un financement, par exemple, il existe une véritable beauté dans la création. En étant à la fois séparé du monde et solidement ancré dans la réalité, l’art permet d’échapper, ne serait-ce que temporairement, à une réalité qui peut être difficile… tout en nous rappelant que tout cela, ces traits de pinceau, ces coups de burin, ces paroles et notes, ces mots sur une page, tout cela témoigne de notre condition humaine.
Libre, d’Hélène Bélanger-Martin, présenté à la Cinémathèque québécoise les 16, 18 et 19 avril