Un peu de vin, avec votre viande rouge? Dans son premier long-métrage, la réalisatrice Mimi Cave propose une variation bien saignante du slasher movie, en choisissant notamment Sebastian Stan comme grand méchant. Un mélange de thriller et de film d’horreur avec un goût ferreux.
Noa cherche l’amour. Ou, du moins, quelqu’un avec qui construire une relation passablement normale, plutôt que des hommes tous aussi ennuyants les uns que les autres. Lassée des applications de rencontre, voilà qu’elle fait la connaissance de Steve, à l’épicerie, et que de fil en aiguille, la jeune femme s’éprend de ce bel homme charmant et séducteur.
On peut s’en douter – vu le titre, et si l’on tient compte de la bande-annonce –, mais Steve cache un terrible secret, qui implique la production et la consommation de chair humaine. Les amateurs d’Hannibal Lecter seront ici en terrain connu, même s’il n’est pas ici question de manger la cervelle d’autrui, même avec des fèves et un bon chianti.
Avec des visuels de toute cette viande que l’on dit particulièrement goûteuse – l’aspect profondément illégal et immoral de la situation y est certainement pour quelque chose –, avec une équation un peu terrifiante entre la séduction, le côté charnel des relations amoureuses et physiques, ainsi qu’avec la comparaison entre les rencontres via des applications de dating et cette impression de traiter les femmes, par exemple, comme de simples « paquets de viande » à consommer, puis à jeter, Fresh propose une réflexion sanglante sur la séduction et le pouvoir.
Bien entendu, les conditions de cette réflexion sont absolument extrêmes, et Mme Cave joue à la fois sur le tableau de l’horreur et celui de l’humour particulièrement noir pour provoquer des réactions chez son public, sans vouloir clairement jeter les bases d’un débat sociologique ou philosophique.
Bref, il faut s’engager dans Fresh en sachant pertinemment qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un film d’horreur, film qui s’arrangera, à quelques reprises, pour prendre le spectateur par la main et pointer vers l’écran, histoire de dire « vous voyez? ». Il n’y a certainement rien de mal à ça, pas plus qu’il y a quoi que ce soit de mal dans le film en général. À l’exception, bien entendu, de cette foutue tendance à refuser d’aller voir la police pour signaler une disparition, et plutôt décider d’aller mener l’enquête soi-même, au risque de se faire capturer, torturer, découper en morceaux et finir sous forme de gigot ou de saucisses.
À voir pour se changer les idées, bref, mais peut-être pas en mangeant du boeuf haché. À moins que vous ne pensiez que la chair humaine goûte plutôt le poulet?
Abonnez-vous à notre infolettre tentaculaire
Encouragez-nous pour le prix d’un café
À l’occasion du mois de la francophonie, l’équipe de Pieuvre.ca tient à souligner son attachement à la qualité de la langue française. Voilà pourquoi nous utilisons quotidiennement Antidote pour réviser nos textes.