Les plateformes d’achat en ligne se suivent, mais ne se ressemblent pas. Pour Paul Bolté, un homme d’affaires de la région de Toronto, croit qu’il est tout à fait possible de combiner éducation en matière d’enjeux environnementaux, mise en valeur de produits verts et développement d’une boutique capable de se tailler une place dans le marché de la vente sur internet. Rencontre.
Au bout du fil – ou plutôt, au bout de la vidéoconférence –, M. Bolté explique que l’idée de lancer son entreprise, ecoMVMNT, est directement liée à la pandémie. « Je me promenais avec un ami, à Toronto, et j’ai vu ces masques en plastique joncher le trottoir. J’en suis venu à l’intention de créer un masque écoresponsable que nous pourrions produire ici, à Toronto », explique-t-il.
« Dans la foulée de la mise en vente de ces masques, nous avons sondé nos clients, et ce qui a commencé à se dégager de tout cela, c’est que le public était vraiment réceptif à nos démarches d’éducation à propos des enjeux environnementaux. À travers ce processus, nous avons commencé à nous dire que nos clients pourraient être intéressés par d’autres produits verts. »
Dans la foulée de ces consultations et de cette exploration du marché et des désirs de la clientèle, M. Bolté indique que le désir d’acheter des produits locaux, fabriqués au Canada, faisait également partie des volontés des acheteurs. « Les deux aspects se sont combinés, c’est-à-dire d’avoir des produits écoresponsables, et s’ils ont la capacité d’être locaux… Ou encore d’être fabriqués à l’étranger, mais d’avoir une affiliation, en quelque sorte, avec le Canada. Si nous ne pouvons pas trouver un produit ici, par exemple, nous irons nous approvisionner au sud, aux États-Unis. C’est d’ailleurs le cas pour l’un de nos produits », poursuit M. Bolté.
L’aspect environnemental est d’ailleurs particulièrement présent sur le site d’ecoMVMNT. D’abord, le nom de la plateforme est accompagné du slogan It’s Your Future, que l’on pourrait traduire par « l’avenir vous appartient », par exemple.
Ensuite, comme le précise aussi M. Bolté en entrevue, chaque description de produit vendu sur la plateforme est accompagnée d’une description du problème environnemental que le produit en question peut aider à régler. L’humanité envoie, par exemple, des dizaines de milliards de capsules à café en plastique et en aluminium dans les dépotoirs? Une entreprise sise à Surrey, en Colombie-Britannique, propose des capsules compostables fabriquées à partir de plantes.
Il y a deux raisons pour lesquelles je me suis embarqué là-dedans: j’ai deux enfants, de 22 et 25 ans. Quand j’avais leur âge, je ne me préoccupais jamais de l’environnement. Eux, ils pensent souvent à l’environnement. Et je me demande ce que sera leur vie dans 20, 30 ans, quand ils auront mon âge. Je ne fais pas ça pour moi, je fais ça pour eux.
-Paul Bolté
L’enjeu du prix
Si ecoMVMNT se positionne aisément comme une alternative « verte » à certains produits de tous les jours, l’entreprise doit tout de même surmonter un obstacle de taille: entre un objet moins polluant, mais potentiellement plus cher, et une option plus abordable, les consommateurs risquent d’être tentés d’y aller pour la deuxième option.
La solution? « Nous voulons offrir des produits qui coûtent aussi cher, sinon dont le prix se trouvent dans une marge légèrement supérieure. Et lorsque nous évaluons des produits pour déterminer si nous allons les ajouter à notre catalogue, nous examinons le côté vert du fabricant, ses pratiques, etc. Mais oui, c’est aussi une question de prix. Le prix doit être concurrentiel. Des gens pourront dire qu’ils peuvent acheter quelque chose sur Amazon, mais nos clients ne sont déjà pas très pro-Amazon. Ils cherchent à effectuer un achat pro-environnement, mais ils aiment aussi que 2 % de nos ventes sont versées à des organisations de protection de l’environnement », mentionne encore M. Bolté.
« Ultimement, oui, quelqu’un peut décider d’aller sur Amazon, et il pourrait acheter un produit pour moins cher, et oui, peut-être que la question du prix est la seule qui est importante, pour cette personne, mais nous avons constaté que nos clients ne se préoccupent pas seulement du prix, mais aussi de la qualité des produits, et de tous les autres arguments environnementaux. »
EcoMVMNT cherche à développer davantage son offre de produits, et, du même coup, son bassin de clients. Si Paul Bolté ne veut pas donner de précisions sur les objectifs de croissance de l’entreprise, celle-ci souhaite bien entendu développer son catalogue, tout en poursuivant sa mission de sensibilisation aux enjeux environnementaux.
« Nos envisageons de proposer du shampoing sans plastique, nous regardons du côté du détergent à lessive, des produits de soin corporel, des étuis à téléphone intelligent compostables… », indique M. Bolté.
« Nous pourrions aussi offrir des vélos électriques, ou encore des génératrices alimentées par l’énergie solaire. »
Parmi les prochaines étapes, la compagnie prévoit également faire traduire en français son site web, qui n’est offert, pour l’instant, que dans la langue de Shakespeare. Il ne fait aucun doute, après tout, que les consommateurs francophones du Canada (y compris du Québec), sont eux aussi intéressés à réduire l’impact environnemental de leurs achats.
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