Les réseaux privés virtuels (VPN), largement inconnus du public il y a quelques années seulement, ont vu leur popularité croître particulièrement rapidement ces derniers temps. Selon la firme atlasVPN, des programmes d’accès à de tels réseaux ont été téléchargés à plus de 780 millions de reprises, l’an dernier.
Comme le mentionne l’entreprise dans une note d’information, la hausse de la cybercriminalité, mais aussi les confinements imposés en raison de la COVID-19 pourraient expliquer cette très forte hausse qui flirte avec les 200% de croissance, comparativement à 2020. De fait, l’obligation de devoir travailler de la maison a poussé plus d’un employé à s’équiper d’un réseau privé virtuel pour se connecter au réseau informatique de son entreprise par exemple.
Pour parvenir aux données publiées dans sa note, atlasVPN a analysé le nombre de téléchargement d’applications permettant d’accéder à ces réseaux privés dans 85 pays, et s’appuie sur les 45 plus grands fournisseurs de tels réseaux.
C’est du côté des pays arabes qu’il faut chercher l’une des raisons derrière la forte popularité des VPN, dont le nombre de téléchargements a atteint le milliard en 2020 et 2021. Après tout, ces réseaux permettent généralement d’accéder à des services en ligne ou d’utiliser des applications qui sont habituellement bloqués par des gouvernements autoritaires. Gouvernements qui, d’habitude bien au fait de cette tendance à vouloir contourner les règles, n’hésitent pas à imposer des peines importantes si des internautes sont reconnus coupables d’avoir utilisé de tels passe-murailles numériques.
Ainsi, le pays avec le plus haut taux d’adoption de VPN est le Qatar, avec un taux d’adoption de près de 70%, pour plus de deux millions de téléchargements uniques de programmes en 2021.
Tout juste derrière, on trouve les Émirats arabes unis, un autre gouvernement particulièrement autoritaire. En 2021, le taux d’adoption des VPN y a frôlé les 60%, avec près de six millions de téléchargements.
Et pourtant, aux Émirats, la loi est excessivement stricte si l’on utilise un VPN « à des fins frauduleuses ». Ainsi, les contrevenants s’exposent à une peine d’emprisonnement et à une amende allant de 136 000 à 545 000 $ US s’ils commettent un crime en utilisant un VPN. De fait, utiliser un tel réseau en soi n’est pas criminel, mais si l’on pose un geste illégal, il faudra sortir le chéquier. Impossible de savoir si le fait de télécharger le plus récent épisode de The Book of Boba Fett, ou tout autre produit culturel réservé à des chaînes spécialisées, est passible d’une amende d’un demi-million de dollars américains.
Singapour fait cavalier seul en tant que seul pays non arabe de la liste des cinq nations où l’adoption des VPN est la plus importante, avec un taux d’adoption d’environ 50% l’an dernier, alors qu’il n’était que de 16% en 2020. Parmi les sites et services bloqués, on trouve certains des grands noms de la pornographie en ligne, ainsi qu’un site de rencontres bien connu. Autrement, précise atlasVPN, « 99% de la pornographie en ligne » demeure accessible, ce qui fait dire à l’entreprise que les restrictions sont symboliques.
À l’autre extrémité du spectre, parmi les pays industrialisés, on trouve le Japon, en 84e position (sur 85 pays), où l’adoption des VPN n’est que de 1,56%. La toute dernière nation en lice, Madagascar, doit probablement sa place au fait que le pays est particulièrement pauvre. De fait, selon la Banque mondiale, à peine 4,7% de la population avait accès à internet en 2018.
Le Canada se classe au 50e rang du classement, avec un taux d’adoption des VPN de 10,6%. Il s’agit d’un gain d’environ 1,5 point de pourcentage comparativement à 2020. Et les États-Unis, eux? Un peu plus loin devant, avec un taux d’adoption d’environ 16%.
Pas de trace de la Chine dans ce palmarès, toutefois. Cette situation n’est guère surprenante, le pouvoir de Pékin ayant imposé une vaste chape de plomb sur le web chinois. Si les VPN peuvent y fonctionner, leur utilisation est particulièrement risquée. Plusieurs services très répandus en Occident, comme les services de Google et de Facebook, y sont tout simplement bloqués.