Pour Dolores, le constat est brutal: voilà trois enfants qu’elle perd avant la fin de sa grossesse, ou encore lors de l’accouchement. Est-ce sa faute? Voilà certainement que ce lui martèle la petite voix qui résonne dans sa tête. Après Céleste, après la mort de celle qui aurait été sa fille, la jeune femme tente de réapprendre à vivre.
S’il est impossible de véritablement comprendre, pour ce journaliste qui est non seulement un homme, mais qui n’a pas non plus d’enfant, l’ampleur de la perte d’un enfant à naître, l’autrice Maude Nepveu-Villeneuve décrit ce sentiment, ce vide en des mots à la fois simples et lourds de sens. Ces pleurs incessants. Cette envie de ne rien faire, de ne rien être. Cette volonté de se laisser engloutir par un travail dénué de véritable sens, sans possibilité de s’accomplir ou de s’épanouir.
Pourtant, l’espoir existe encore. Dans le petit village de Moreau, dans la maison d’enfance de Dolores, cette dernière reprend contact avec sa réalité, avec la vie.
Ce petit livre, ces 149 pages remplies de mots parfois douloureux, parfois réparateurs, voire libérateurs, Mme Nepveu-Villeneuve les accumule avec une frénésie et une sagesse complémentaires. On navigue à travers ce roman comme on navigue à travers la vie elle-même: parfois par à-coups, parfois comme si l’on suivait un long fleuve tranquille.
Ce roman est en quelque sorte une oeuvre à la vie, à la capacité de se reconstruire, tout en évitant de faire simplement table rase du passé. Et un tel équilibre n’est certainement pas facile à atteindre.
Voilà pourquoi, sans doute, Après Céleste est une oeuvre courte, mais ô combien utile. Un roman à mettre entre les mains des hommes et des femmes qui ont perdu des enfants, oui, mais pourquoi pas entre les mains de tous? Simplement pour recevoir un peu de douceur, un peu de bonté.
Après Céleste, de Maude Nepveu-Villeneuve, publié aux éditions de Ta Mère; 149 pages.