Père de famille respecté, Nick Brewer vivait une existence relativement agréable jusqu’au jour où il disparaît sans laisser de traces, avant de réapparaître dans une vidéo où, après avoir été clairement battu, il brandit une pancarte sur laquelle il semble affirmer qu’il est un abuseur… et qu’il risque de mourir. Bienvenue dans Clickbait.
Scindée en huit épisodes, cette minisérie dramatique récemment lancée sur Netflix possède une prémisse accrocheuse: remonter peu à peu le fil des événements en mettant graduellement au jour des détails qui feront avancer l’enquête. Avec, à la toute fin, quelque chose que l’on espère être une grande révélation. Sans oublier, bien sûr, des surprises en cours de route.
Et dans le cas de l’oeuvre qui nous intéresse, le premier épisode (et une partie du deuxième) sont effectivement fort intéressants. Après tout, la distribution, qui comprend notamment Zoe Kazan (What If), Adrian Grenier (Entourage, The Devil Wears Prada) et Phoenix Rael, est assez solide pour titiller l’intérêt du téléspectateur, et comme le succès des podcasts de type true crime le prouve, les histoires policières ont la cote.
Le problème, c’est que les aspects invraisemblables se multiplient si rapidement qu’on en vient à écouter la suite davantage par obligation que par intérêt. Le suspense se transforme aussi en amusement mélangé à de l’incrédulité devant une telle série d’inanités.
D’abord, les personnages sont nombreux à mentir effrontément à la police, ou à ne pas transmettre des informations pourtant excessivement utiles aux forces de l’ordre. On peut presque comprendre l’intérêt de faire en sorte que ce soit les membres de la famille éplorée par la disparition (et l’assassinat subséquent) de Nick qui découvrent des indices, histoire de rendre le tout plus personnel, mais la chose frise rapidement le ridicule.
De fait, les policiers sont ainsi présentés comme des incompétents, quand on n’essaie pas de faire croire qu’ils cherchent à étouffer l’affaire. D’autres aspects potentiellement importants du scénario, comme l’attirance entre l’un des détectives assignés au dossier et la soeur de la victime (Kazan), ne sont jamais exploités à leur plein potentiel, donnant l’impression que cette branche scénaristique a été abandonnée en cours de route.
Si les membres des médias sont largement présents dans la série, on ne les décrit que comme de véritables vautours qui harcèlent la famille, qui campent devant la demeure de cette dernière, ou qui vont carrément jusqu’à mentir et commettre plusieurs crimes graves pour effectuer du journalisme de bas étage. Comme hommage à la profession, on a vu mieux…
Et la fin; ne parlons pas de la fin! Après avoir cumulé les invraisemblances, les revirements scénaristiques non aboutis, les mensonges et les gestes complètement déplacés de la part des personnages, on obtient une finale absolument ahurissante qui n’a aucun sens. En fait, oui: si les personnages agissent « normalement » de façon absurde et insensée, il est logique que la fin soit à l’aune du reste de l’oeuvre.
Bref, Clickbait semblait être une minisérie prometteuse, mais le scénario complètement abracadabrant devrait convaincre les téléspectateurs sérieux de passer très rapidement leur chemin.