Rendons à César ce qui lui appartient: réalisateur et scénariste prolifique, Guy Ritchie a le sens du spectacle. Que ce soit avec la série Sherlock Holmes, lors du délirant King Arthur: Legend of the Sword, ou encore dans Snatch, dans une formule plus conventionnelle, l’homme sait respecter les codes des genres. Avec Wrath of Man, Ritchie propose un film qui ne gagnera pas aucun prix pour son scénario, mais qui comblera les amateurs d’histoires de bandits des années 1970 et de surdose de testostérone.
En fait, les codes du genre sont tellement poussés à l’extrême que l’on a envie de céder à la tentation et d’écrire constamment MAN en majuscules chaque fois que l’on mentionne le titre du film. C’est qu’avec ses personnages masculins très majoritairement toujours grognons, toujours frustrés et taciturnes, et bien souvent capables de tuer sans sourciller, on se trouve résolument au pays de la masculinité à l’ancienne dans tout ce qu’elle avait de plus toxique.
Dans le film, donc, Patrick Hill (Jason Statham tout en nuances, c’est-à-dire capable d’avoir l’air frustré et taciturne, puis encore frustré et taciturne, mais différemment), gangster de son état, est en train d’effectuer une opération de repérage en vue du cambriolage d’un camion blindé lorsque son fils est abattu par un autre groupe de bandits, et qu’il est lui-même gravement blessé.
Déterminé à venger la mort de son fils, il deviendra chauffeur pour la compagnie de transport dont le camion a justement été visé par les mystérieux assaillants, et cherchera à découvrir l’identité du meurtrier de son fils.
S’il est question des années 1970, c’est que bon nombre de films d’action et de films portant sur le monde interlope de l’époque mettaient en vedette des hommes pour qui les émotions et la subtilité étaient superflues. Il en résultait parfois des longs-métrages extrêmement violents, mais qui témoignaient d’une certaine vision de l’Amérique: dans la tourmente du crime, la beauté n’a plus sa place. Seules comptent les balles et la violence, le tout prenant constamment de l’ampleur dans le cadre d’une spirale infernale.
C’est exactement ce qui se produit dans Wrath of Man: Statham ne cherche pas à comprendre, ou à guérir. Non, il cherche uniquement à se venger, et tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins, y compris utiliser le sexe comme arme pour forcer une collègue à lui livrer des informations qui pourraient être utiles pour la suite de son enquête.
On trouve aussi cette odeur rance de corruption généralisée: des employés du service de transport travaillent main dans la main avec les méchants, la police donne la permission à Statham d’éliminer comme bon lui semble des personnes « gênantes » auxquelles les autorités ne peuvent toucher, du moins, pas de cette façon, et les bandits, eux, ont depuis longtemps rejeté tout sens moral pour se tourner vers l’appât du gain.
Film dur, film froid, film direct, Wrath of Man est un bon film. Très bon, même… dans le genre, il va sans dire. N’y cherchez donc pas l’espoir d’une rédemption, ou l’esquisse d’un bon sentiment. Tout le monde abuse de tout le monde. Et certains finissent par pousser la réflexion à l’étape suivante, en se servant d’une arme à feu ou de leurs poings.