Les films d’animation occidentaux sont généralement conservateurs. Pas dans le sens des valeurs véhiculées (quoique…), mais plutôt du côté de leur style. On se permet évidemment quelques fioritures, ici et là, mais même des bijoux comme The Lego Movie s’en tiennent habituellement à un style d’animation – très bien exploité, certes – restreint par certaines règles. The Mitchells vs The Machines, récemment lancé sur Netflix, jette largement ces règles par la fenêtre et offre deux heures de délire que l’on accueille avec grand bonheur.
À l’instar d’Into the Spiderverse, qui est non seulement probablement le meilleur film de l’univers Spider-Man, mais aussi l’un des plus grands films d’animation des dernières années, notamment sur le plan stylistique, The Mitchells vs The Machines propose un scénario relativement simple et connu (les membres d’une famille doivent surmonter un obstacle important et, dans la foulée, resserrer leurs liens affectifs passablement distendus avec les années), mais c’est vraiment du côté des clins d’oeil, blagues et autres moments de pur chaos que le long-métrage séduit.
Il n’est d’ailleurs pas étonnant que ce soit la même équipe qui produise les deux films d’animation. La même qualité, le même souci du détail est au rendez-vous, pour le plus grand plaisir des cinéphiles.
Kate, donc, adolescente (ou jeune adulte?) à l’imagination débordante, envisage de quitter le nid familial pour traverser les États-Unis et étudier le cinéma en Californie. Ce faisant, elle abandonnerait derrière elle une relation dysfonctionnelle avec son père, un amateur de la nature et du « gros bon sens » qui ne comprend décidément pas grand-chose aux inspirations cinématographiques de sa fille, et encore moins à toute cette technologie qu’elle utilise pour créer ses oeuvres.
La mère, elle, assiste impuissante à cette lente désintégration, tandis que le petit frère, Aaron, un rêveur gêné qui se passionne pour les dinosaures, a bien peur de perdre sa meilleure amie.
Parallèlement à cela, le grand patron d’un empire technologique lance une gamme de robots devant remplacer un assistant personnel déjà omniprésent dans la quasi-totalité des appareils électroniques. Sans grande surprise, les robots se révoltent sous l’impulsion dudit assistant, joué par nulle autre qu’Olivia Colman, qui s’estime trahie par son créateur.
Pour échapper à une tentative de se débarrasser de tous les humains, la famille Mitchell devra surmonter quantité d’obstacles, mais aussi apprendre à travailler de concert, dans l’exécution d’un concept qui a fait ses preuves.
Ce qui fait de ce film un long-métrage à part des autres, c’est cette propension à tomber dans l’exagération, mais sans jamais franchir la limite du ridicule. Tout y passe: superposition de couleurs et d’images, gags tout aussi courts qu’efficaces, ou encore des délires complets, comme ce Furby géant qui s’exclame « L’heure de la grande noirceur est venue! » en cherchant à tuer nos personnages principaux.
Avec un savant mélange de blagues pour enfants et de gags destinés aux plus vieux, les scénaristes de The Mitchells vs The Machines ont bien compris qu’il créaient un film pour toute la famille. Cela ne les a heureusement pas empêchés de sortir des codes traditionnels du genre et d’en repousser les limites.
The Mitchells vs The Machines n’est pas nécessairement un film « parfait », mais il s’agit certainement d’un excellent long-métrage qui saura plaire à bien des gens, et pas seulement aux critiques cinéma rendus aigris par des années de travail et plus de 365 jours de pandémie.