Précédé d’une rumeur favorable et auréolé d’une prémisse connue, mais qu’on promet de présenter sous un angle nouveau, il y avait beaucoup de potentiel dans le Freaky qu’on a voulu proposer. Dommage qu’il ne s’agit que d’une autre offrande du (trop) productif Blumhouse s’adressant à un public beaucoup trop naïf, adolescent et facile.
S’amuser avec le genre horrifique est devenu rapidement à la mode dans les dernières décennies, alors que ce dernier a vu sa popularité être plus importante que jamais. Il n’est donc pas surprenant que le cinéaste Christopher Landon s’est penché sur ce qui a le mieux fonctionné dans sa carrière, en reprenant un concept connu pour le mêler à ses aspirations horrifiques.
Après sa relecture moderne du jour de la marmotte avec le satisfaisant et amusant Happy Death Day, le voilà qu’il s’amuse avec le principe des deux personnages qui échangent de corps. Le projet s’intitulait après tout Freaky Friday The 13th, au départ, rendant très clair son clin d’œil autant à Freaky Friday, probablement l’exemple le plus immédiat quand on pense à ce genre de films, mais aussi à la franchise de Jason, probablement une des plus longues du côté du sous-genre qu’est le slasher movie.
Le hic, c’est que la carrière de Landon a beaucoup plus de faux pas, comme l’horrible (dans le mauvais sens du terme) Paranormal Activity: The Marked Ones ou le Scouts Guide to the Zombie Apocalypse, qui aurait certainement pu être bien plus au final. Freaky se rapproche ainsi de l’honteuse suite qu’était Happy Death Day 2U et malgré son goût prononcé pour les morts particulièrement graphiques, est davantage intéressé au non-sens gnan-gnan adolescent des ratés Blumhouse tel Ma ou la nouvelle adaptation de Fantasy Island, mais aussi à la comédie trop intéressée à se vouloir « woke », actuelle et meta qu’elle se confond dans la prétention plutôt que dans le plaisir.
Ainsi, suite à une malédiction plutôt aléatoire (ce qui est quand même chose commune, avouons-le), une jeune adolescente timide se retrouve dans le corps d’un tueur en série. Un point de départ simple, direct, mais qui s’embourbe continuellement dans des éléments contraignants qui non seulement empêchent le film de vraiment lever, mais le ramène toujours vers le bas face à ses décisions régulièrement décourageantes.
Pourtant, profitant encore de la volonté particulièrement impressionnante de sa distribution, on a presque envie de pardonner certains écarts grâce aux charmes toujours présents de Kathryn Newton (qui avait déjà pu briller en grande pompe dans le mésestimé Blockers), mais aussi par Vince Vaughn, qui étonnamment n’en fait pas tant que ça compte tenu des possibilités qui s’offraient à lui d’en faire trop, comme il en a par moment l’habitude.
Sauf que les contraintes du scénario particulièrement limité s’en remettent trop aisément aux différences évidentes entre homme et femme, entre adultes et adolescents sans jamais vraiment s’amuser intelligemment avec ces derniers et relevant continuellement ce qu’on peut imaginer sans problème (les gags de zizi et de couilles, combien sont nécessaires?). Le facteur désagréable se poursuit, alors qu’en ayant voulu mettre plus de relief à des types de personnages qu’on considère trop souvent délaissés (minorités visibles de race ou d’orientation sexuelle), on se ramasse finalement surtout à démultiplier les clichés sans pour autant leur donner une vraie chance de briller.
La promesse d’un certain charme et d’une possible fraîcheur diminue ainsi continuellement à mesure que le film d’une durée d’un peu plus d’une heure trente en paraît rapidement le double, surtout que les gags ne fonctionnent pratiquement jamais. Le tout prend aussi la pire des tournures lors de sa finale, qui pourrait difficilement être plus ridicule et inutile et ressemblant inutilement à celle du plus récent Halloween, qui elle aussi sonnait particulièrement fausse.
Relativement généreuse en suppléments, l’édition se montre toutefois trop superficielle dans son exploration de la création du film alors que les nombreux segments de trois minutes en moyenne ne nous montre ni ne nous apprend grand-chose que ce soit dans sa relecture de la « final girl », sa création des morts ou de son exploration de l’inversion de corps. Il y aussi trois courtes scènes supprimées dont on se passe aussi aisément que le reste du film. La piste sonore de commentaires du créateur est loin d’être plus intéressante alors qu’on aurait certainement préféré une discussion avec d’autres des gens impliqués devant ou derrière la caméra pour rendre le tout plus riche ou même divertissant. Surtout considérant que Landon fait presque seulement se lamenter que ce soit sur la température et la météo d’Atlanta ou la minceur de son budget qui l’a empêché de réaliser ses rêves les plus fous.
Freaky, ou Bizarre en version française, est donc très loin d’être le petit plaisir moderne auquel on pouvait s’attendre. Une autre production américaine adolescente qui pense vouloir essayer des choses, mais qui s’en remet beaucoup trop sur des trucs aussi insipides que trop souvent vus pour véritablement valoir le détour. Franchement, on en ressort aussi frustré que déçu.
4/10
Freaky est disponible en DVD et en combo Blu-Ray et DVD via Universal Pictures ce mardi 9 février.