Dans une New York pré-pandémie, Rashida Jones s’ennuie. Mère à la maison, écrivaine souffrant du syndrome de la page blanche, la bientôt quarantenaire a l’impression que son couple bat de l’aile. D’autant plus que son conjoint, Dean, est trop souvent absent pour faire fonctionner son entreprise. À travers tout cela, Bill Murray viendra pimenter la situation, dans On the Rocks, le plus récent film de Sofia Coppola.
Rashida Jones, donc, dont le talent à l’écran est bien connu, se retrouve dans une situation connue: désoeuvrée, ou plutôt ensevelie sous les tâches quotidiennes sans possibilité de réellement s’accomplir sur le plan personnel ou professionnel, elle suspectera peu à peu que son mari est tenté d’aller voir ailleurs. Surtout que sa nouvelle assistante est jolie et ambitieuse…
Débarque alors Murray, qui joue largement, eh bien, Bill Murray, vendeur d’oeuvres d’art flirtant avec la haute société et qui semble ne plus savoir quoi faire de son argent. Pire encore, comme il est un homme à femmes invétéré, voilà bien longtemps qu’il a divorcé de son épouse. Toujours entouré d’amis, mais aussi toujours ultimement seul, le personnage de Bill Murray estime que Dean, le conjoint de Laura, trompe cette dernière, et embarquera donc sa fille dans une série d’aventures pour tenter de faire la lumière dans cette affaire.
De fil en aiguille, le couple se délite, les manigances se multiplient, et on en vient un peu à se demander si l’on est vraiment dans un film écrit et réalisé par Sofia Coppola, ou si l’on se trouve dans à peu près n’importe quelle comédie dramatique américaine sur les relations de couple.
Non pas que l’examen de la vie de famille (et de la vie de vieux célibataire) ne soit pas intéressant, mais on sent que Coppola n’exploite pas tout le potentiel de son scénario. On ne peut pas toujours répéter les non-dit de Lost in Translation, après tout, et à posteriori, même ce film-là, avec son histoire d’étrange amitié entre une jeune femme et un vieil homme quelque peu aigri par la vie ne vieillit pas très bien.
Quoi qu’il en soit, On the Rocks se laisse tout à fait écouter. On cherche toutefois une morale, une colonne scénaristique vertébrale qui permettrait de classer ce long-métrage dans la catégorie des films dont on se souviendra, plutôt que dans l’amas informe de ceux que l’on écoute pour se désennuyer, un samedi soir en pleine pandémie.