Ah, quelle merveilleuse époque que celle de Cocoon. Qu’il semble faire bon, dans cet été berlinois caniculaire, de se regarder langoureusement, de se caresser doucement, de sentir le corps de l’autre contre le sien, de glisser tranquillement ses doigts sur une peau délicate… Bien entendu, en ces temps pandémiques, l’histoire d’éveil sexuel raconté par Leonie Krippendorff semble tout aussi improbable que le film de science-fiction du même nom.
Dans le cadre du Festival du nouveau cinéma, Cocoon raconte donc l’histoire de Nora, 14 ans, qui découvrira peu à peu ses envies et ses désirs dans le cadre d’une série d’aventures personnelles et familiales. Elle devra apprendre à composer avec une soeur à la fois antagoniste et surprotectrice, une mère avinée et absente, et un corps qui refuse de l’écouter. Alcool, cigarettes, sexe, fêtes jusqu’au petit matin, transgressions de tous genres: tout y est pour que l’été des 14 ans de Nora soit plus que mémorable.
S’il aurait été possible de sombrer dans la facilité, voire le clinquant, en penchant un peu trop du côté des American Pie et autres navets destinés aux préadolescents, Cocoon se veut plutôt une découverte romantique tout en douceur, sous une chaude lumière jaune. Il fait beau, en effet, dans ce Berlin où les charmes d’une jeunesse bientôt déjà oubliée vont s’épanouir. Beau comme les personnages du film, beau comme une existence où l’on commence à prendre conscience des aléas de la vie, mais sans encore être astreint aux réalités de la vie d’adulte, beau, enfin, comme une vidéo TikTok ou Instagram un peu trop léchée, un peu trop parfaite.
Rien n’est parfait, après tout, et Nora le constatera bien assez tôt. Cela fait bien sûr partie des objectifs de Krippendorff, qui ne donne parfois pas vraiment dans la subtilité, surtout en mettant plusieurs fois de l’avant le fait que l’adolescente élève des chenilles qui se transformeront éventuellement en papillons. Cependant, les jeux de caméras, avec un cadre qui prend de l’expansion à mesure que le film progresse, sont tout à fait au point.
Sans être d’une grande profondeur, Cocoon est un film qui respire doucement, tranquillement. Un film qui fait du bien, qui fait rêver à des jours meilleurs, des jours plus simples. Et cela, en ce moment, est un véritable plaisir.