L’exposition aux réseaux sociaux encouragerait les fausses croyances entourant la COVID-19 et diminuerait le respect des mesures de distanciation sociale.
Ces conclusions sont tirées d’une étude publiée dans le Misinformation Review en juin dernier. Les auteurs de la recherche, réalisée à l’Université McGill, ont analysé près de 2,5 millions de tweets et plus de 9000 articles publiés dans des médias traditionnels anglophones canadiens. Leur conclusion: ceux qui s’informent dans les médias traditionnels sont moins portés à minimiser les risques entourant la COVID-19.
Pour l’étudiant à la maîtrise en informatique et coauteur de l’étude Oleg Zhilin, « si j’ai l’impression que la COVID, ce n’est pas dangereux, je suis moins porté à suivre les directives de la santé publique. Et la partie surprenante, c’est que cela se maintient à travers des facteurs comme l’âge, le niveau d’éducation et de connaissances scientifiques. »
Les chercheurs ont en effet effectué, en parallèle, un sondage à l’échelle canadienne pour mieux comprendre l’impact des fausses informations sur le comportement des gens. Les résultats démontrent que, peu importe le niveau de connaissances scientifiques, l’exposition aux réseaux sociaux diminuerait jusqu’à 10% le respect de la distanciation sociale chez une personne. Cela s’applique à tous les utilisateurs de réseaux sociaux, peu importe le temps de consommation, rapporte l’étude.
Une recherche similaire était parue dans le Misinformation Review en janvier dernier, donc avant la pandémie. Réalisée auprès de 2500 Américains dans le contexte d’une éclosion de rougeole survenue en 2019, l’étude suggérait elle aussi que l’utilisation des réseaux sociaux et le niveau de confiance accordée aux experts en santé étaient les facteurs les plus susceptibles d’influencer les fausses croyances sur la vaccination. Les chercheurs de l’Université de Pennsylvanie avaient conclu que ceux qui s’informaient avant tout sur les réseaux sociaux étaient non seulement plus à risque d’être mal informés, mais que cinq mois plus tard, ils étaient aussi plus à risque de voir leurs perceptions erronées s’être accrues.
Les chiffres de l’étude de McGill rappellent pour leur part que les fausses informations sont davantage relayées sur Twitter et que les médias traditionnels passent plus de temps à les débusquer. Par exemple, les mesures d’hygiène occupaient environ 5% du contenu sur la COVID-19 analysé dans les quotidiens, et la distanciation sociale montait à 30%. En comparaison, sur Twitter, ces chiffres descendaient à moins d’un pour cent pour les mesures d’hygiène et à moins de 10% pour la distanciation.
Pour lutter contre cette « infodémie », Oleg Zhilin suggère d’aller valider, avec une source extérieure, les informations qui circulent sur les réseaux sociaux: « C’est dans notre intérêt de le faire. »
Pour lui, ce type d’étude ne fait que débuter. « Une des prochaines recherches qui nous intéresse serait: comment le gouvernement peut-il utiliser les réseaux sociaux pour atteindre les personnes qui sont susceptibles » de prendre les risques à la légère.