Rick Moore n’est pas un gardien ordinaire; après avoir eu des démêlés avec la justice, et, surtout, avec les cartels mexicains, l’homme a fui le sud des États-Unis pour se réfugier en Virginie. Isolé dans une réserve naturelle, il devra non seulement apprendre à vivre avec la population locale, mais aussi surmonter des peurs qui continuent de le poursuivre jusque Dans la gueule de l’ours, un roman de James A. McLaughlin.
Rick, donc, tente d’échapper aux tueurs des gangs criminels mexicains, tout en s’adaptant à la dure réalité de son travail de gardien. Seul, isolé, il est visité par quelque chose s’apparentant à un être surnaturel, une créature mi-ours, mi-homme qui lui indique que des braconniers tuent des ours, sur le territoire protégé, pour en revendre les vésicules, qui sont ensuite destinées au marché chinois.
À la fois, en quelque sorte, un parcours initiatique pour un homme qui a bien des choses à se faire pardonner, et enquête policière, alors que Rick tente de remonter la piste des chasseurs et des revendeurs, Dans la gueule de l’ours semble se dérouler dans deux univers différents. Le premier, contenu à l’intérieur des limites de la réserve où vit et travaille Rick, forme un monde à part, relativement bien isolé. Lorsque des gens de l’extérieur y entrent, en fait, c’est pour y causer des problèmes, ou pour ressasser de vieux souvenirs douloureux. Dans cet endroit quasi mystique, les animaux et la nature sont rois, et le lecteur est pratiquement transporté dans un monde magique où l’on ne fait plus qu’un avec la nature.
L’autre monde, c’est le monde extérieur, celui des hommes, là où la violence, mais aussi l’abrutissement par l’alcool sont généralisés. Il faut dire que Rick ne s’est pas installé dans l’endroit le plus ouvert, ni le plus progressiste de la région. La Virginie est déjà connue pour ses positions passablement à droite; voilà que l’on met en scène des bandits, des motards et autres personnages peu recommandables.
Il y aurait possibilité de dire ici, d’ailleurs, que Rick lui-même n’est pas un enfant de coeur. Ancien criminel, il a tué en prison avant d’aller se cacher sous une autre identité. Et cela n’est pas nécessairement parce qu’il est le personnage principal du livre qu’il faut obligatoirement l’absoudre de ses crimes, loin de là.
Voilà donc un livre avec bien des méchants, mais aussi quelques antihéros. À travers tout cela, le lecteur tente d’y voir plus clair. Et si l’on aurait franchement aimé que l’auteur s’attarde davantage au côté mystique de la vie dans les bois, Dans la gueule de l’ours est un roman solide, qui a certainement mérité les bons commentaires présentés par les critiques américains. À ajouter à sa bibliothèque.