Impossible de séparer climat et sécurité mondiale, affirme l’Organisation des Nations unies (ONU), où le Conseil de sécurité a débattu vendredi de l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales. Ces échanges surviennent alors que plusieurs régions de la planète seront soumises à des températures difficiles au cours de l’été, notamment la Sibérie.
« L’Arctique se réchauffe plus de deux fois plus vite que la moyenne mondiale, ce qui a un impact sur les populations et les écosystèmes locaux, avec des répercussions mondiales. Ce qui se passe dans l’Arctique ne reste pas dans l’Arctique », a déclaré le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas. « Les pôles influencent les conditions météorologiques et climatiques dans les basses latitudes où vivent des centaines de millions de personnes ».
Selon l’OMM, d’ailleurs, les températures enregistrées en Sibérie ont été supérieures de plus de 5 degrés par rapport à la normale entre janvier et juin, et, le mois dernier, jusqu’à 10 degrés de plus que la moyenne. Le 20 juin, le thermomètre a atteint 38 degrés dans la ville russe de Verkhoyansk. Pour la deuxième année de suite, d’ailleurs, de violents incendies font rage au nord du cercle polaire, a encore rappelé l’OMM.
Plusieurs ministres ont participé vendredi à un débat sur les liens entre climat et sécurité. « L’urgence climatique est un danger pour la paix. Il n’y a pas de lien automatique entre le changement climatique et les conflits. Mais le changement climatique exacerbe les risques existants et en crée de nouveaux », a déclaré, lors de ce débat, Miroslav Jenča, sous-secrétaire général des Nations unies pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques au départements des affaires politiques et de consolidation de la paix et au département des opérations de paix, dans des propos rapportés sur le site web de l’ONU.
« Le fait de ne pas tenir compte des impacts croissants du changement climatique saperait nos efforts de prévention des conflits, de rétablissement de la paix et de maintien de la paix, et risquerait de piéger les pays vulnérables dans un cercle vicieux de catastrophes et de conflits climatiques », a-t-il ajouté.
Comme exemple, le cas du lac Tchad, en Afrique, où l’insécurité a mis des bâtons dans les roues des efforts d’adaptation aux changements climatiques, ce qui a nuit à la possibilité, pour la population, de se nourrir convenablement. Ultimement, c’est la sécurité des civils qui a été mise en danger, et le groupe extrémiste Boko Haram a profité de l’occasion pour lancer des attaques et commettre des actes terroristes.
Selon M. Jenca, il est essentiel de placer « les personnes au centre et apprendre de ceux qui subissent quotidiennement les conséquences du changement climatique sur leur sécurité ».
L’histoire se répète?
La réunion du Conseil de sécurité est survenue au moment où le New York Times publiait un long reportage, appelé The Great Climate Migration, qui évoque une planète où jusqu’à 19% de la surface du globe deviendrait inhabitable, soit largement autour de l’équateur. Cette zone engloberait une bonne partie de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est, jetant potentiellement des milliards de personnes sur les routes d’ici 2070. Une telle migration, combinée avec une raréfaction des principales ressources nécessaires à la société moderne (nourriture, eau, de l’espace pour vivre, des perspectives d’emploi et de services éducatifs pour les enfants, soins de santé, etc.), risque fort de déstabiliser le reste de la planète.
Déjà, par exemple, la guerre en Syrie, principalement alimentée par le ressentiment d’une bonne partie de la population envers le régime sanguinaire de Bashar al-Assad, a provoqué un exode massif qui a fait débarquer des millions de personnes en Turquie, dans les pays limitrophes de la Syrie, mais aussi en Europe.
En Allemagne, l’accueil de plusieurs centaines de milliers de réfugiés, qui ont alimenté les craintes d’une partie de la population, est probablement l’un des facteurs ayant alimenté la montée en puissance du parti d’extrême droite AfD, qui obtient parfois la deuxième ou la troisième place dans certaines élections régionales.
En Italie, le flux des migrants – pas seulement des Syriens, mais aussi des Africains fuyant leurs terres souvent ravagées par des catastrophes naturelles exacerbées par les changements climatiques – a lui aussi contribué à l’élection de la Ligue du Nord, un autre parti extrémiste qui a éventuellement été éjecté de la coalition au pouvoir, mais qui dispose toujours de solides bases dans le pays.
Il est donc indéniable qu’en accentuant les catastrophes climatiques et les événements météo extrêmes, l’urgence climatique aura un impact majeur sur la sécurité internationale, généralement en provoquant la colère d’une partie du peuple contre les élus et le système en place.
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