Les années passent et les mauvaises nouvelles se succèdent: il n’y aura même pas fallu attendre l’impact de la pandémie pour que l’industrie musicale encaisse un nouveau coup dur au Québec. Selon les plus récentes données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), en effet, les ventes d’enregistrements audio ont connu leur pire année en 10 ans, l’an dernier, avec un recul d’environ 25% par rapport à 2018.
Dans une note publiée sur sont site web, l’ISQ note qu’il s’est vendu l’équivalent de 3,6 millions d’albums musicaux l’an dernier, soit une baisse de 24%. En 10 ans, mentionne l’ISQ, la dégringolade a atteint 66%, une perte terrible pour un secteur qui avait déjà été mis à mal, au début de la décennie, par l’existence des services de téléchargement de musique en ligne et d’achat à la pièce, comme iTunes. Aujourd’hui, mentionne la note d’information, la « menace » n’est plus Napster, Kazaa ou même iTunes, mais plutôt les services d’écoute en ligne.
Après tout, pourquoi acheter de la musique, souvent à plusieurs dizaines de dollars pour un album, lorsqu’il est possible de payer moins de 10$ par mois et d’avoir accès à l’intégralité du catalogue de Spotify? Sans compter YouTube, non seulement pour sa section payante qui ressemble largement à Spotify, mais aussi pour sa version « ordinaire », où il est possible d’écouter un nombre incalculable de pièces musicales sans même devoir endurer des pauses publicitaires, du moment que l’on installe un bloqueur de publicités dans son navigateur web. Selon l’ISQ, d’ailleurs, l’écoute des services de musique en continu en ligne au Canada a bondi de 35% entre 2018 et 2019 uniquement.
Toujours en fonction de la note publiée par l’ISQ, il appert que le nombre de disques compacts vendus a fondu de 26% entre 2018 et 2019, avec 2,1 millions d’unités écoulées. Malgré tout ses déboires, cependant, ce disque physique demeure largement plus populaire que l’album numérique, qui n’a trouvé preneur qu’à 0,8 million de reprises, en baisse de 23% par rapport à 2018.
Les pistes numériques vendues à l’unité, même s’il s’en est écoulé 5,9 millions d’unités l’an dernier, ont elles aussi pris du plomb dans l’aile, avec un repli de 27%. C’est seulement le disque vinyle qui semble avoir un peu mieux encaissé la poursuite de cette grande migration vers l’écoute en ligne; les amateurs de ce format physique vieux de près d’un siècle ont ainsi acheté 181 100 disques, soit à peine 200 copies de plus qu’en 2018. Les ventes de vinyles en sont venues à représenter 8% des ventes sur support physique, comparativement à 6% en 2018.
Et les artistes, producteurs et autres artisans de la musique d’ici peuvent se consoler en se disant qu’environ la moitié des ventes d’enregistrement audio réalisées au Québec étaient des ventes de musique québécoise, l’an dernier, soit un recul de seulement un point de pourcentage par rapport à 2018. Les CD représentent la part du lion de l’ensemble, avec 58% de produits québécois, comparativement à seulement 36% de produits numériques musicaux d’ici.