La planète a retenu son souffle, mardi soir, alors que les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de l’Iran, ont revendiqué le tir d’une quinzaine de roquettes contre au moins deux bases irakiennes abritant des troupes américaines. Ni l’armée américaine, ni l’armée irakienne n’ont fait état de victimes, pas plus que l’armée canadienne, qui stationne des troupes dans le pays.
L’attaque, en représailles à l’assassinat, vendredi dernier, du général Qassem Soleimani, commandant de la Force Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la révolution, était attendue de pied ferme par les Américains. Plusieurs observateurs s’interrogeaient à savoir si l’Iran tenterait de frapper les intérêts économiques des États-Unis, dans la région, voire même si Téhéran irait jusqu’à fermer le détroit d’Ormuz au transit de pétroliers, par exemple, ou à attaquer Israël, le principal allié de Washington dans la région.
La réponse a plutôt été connue vers 18h, heure normale de l’Est, soit aux petites heures du matin dans la région du Moyen-Orient. Alors que les roquettes pleuvaient sur les deux bases irakiennes, un responsable iranien a poussé l’audace jusqu’à publier le drapeau national sur Twitter, en réponse au président américain Donald Trump, qui avait diffusé le stars and stripes, le drapeau américain, après l’assassinat du général.
Et pendant que, peu à peu, les gouvernements américain et irakien confirmaient l’attaque, mais aussi que personne n’avait été tué, la Maison-Blanche a soufflé le chaud et le froid quant à savoir s’il y aurait de nouveau riposte, de la part du Pentagone, cette fois. Le chef de l’État promet en effet, depuis vendredi, une « réponse disproportionnée » en cas d’attaque iranienne, voire de bombarder des sites culturels iraniens, ce qui aurait constitué un crime de guerre.
De faux comptes sur les médias sociaux ont aussi profité de la confusion, dans les minutes suivant le début de l’attaque, pour diffuser des informations inventées du tout au tout, comme le fait que des avions de guerre américains auraient décollé de bases turques, ou encore que l’aviation iranienne aurait elle aussi lancé ses chasseurs dans les airs. L’administration aérienne américaine a en fait émis une interdiction de vol au-dessus de l’Irak, de l’Iran et du golfe Persique, histoire d’éviter toute possibilité de « mauvaise identification » qui pourrait mener à une éventuelle escalade, voire à des tirs d’armes antiaériennes.
« L’attaque est conclue », a fait savoir l’Iran après la chute de ses roquettes. Celles-ci, a indiqué la défense américaine, ont été suivies au radar, mais pas prises pour cible par la défense antiaérienne américaine ou irakienne. Les soldats de ces deux pays ont cependant été avertis suffisamment à l’avance pour pouvoir se mettre à l’abri.
Cherchant vraisemblablement à calmer les esprits, Téhéran a précisé que les attaques cesseraient si Washington ne ripostait pas.
Dans la capitale américaine, justement, le président américain, qui devait, selon la rumeur, s’adresser à la nation mardi soir, a finalement reporté son allocution à mercredi matin, se contentant de tweeter un message indiquant que « tout va bien jusqu’à maintenant ».
La soirée a toutefois été de nouveau endeuillée par l’écrasement, en fin de soirée, d’un avion ukrainien ayant décollé de l’aéroport de Téhéran. L’appareil, un Boeing 737, se serait écrasé quelques instants seulement après le décollage; il transportait 170 passagers. Les premières informations font état de « problèmes techniques ». On ne dénombre aucun survivant; 63 Canadiens se trouvaient à bord.
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