La chute du président bolivien Evo Morales, entre autres poussé vers la sortie par plusieurs de semaines de contestation populaire, mais aussi suite à la pression de l’armée, qui réclamait sa démission, inquiète les Nations unies, qui appellent à la retenue après ce coup de tonnerre politique.
« Le secrétaire général exhorte toutes les parties concernées à s’abstenir de la violence, à réduire les tensions et à faire preuve de la plus grande retenue. Il appelle tous les acteurs à respecter le droit international, notamment les principes fondamentaux des droits de l’homme », a dit le porte-parole d’Antonio Guterres dans une déclaration à la presse.
« Le secrétaire général appelle également tous les acteurs à s’engager à parvenir à un règlement pacifique de la crise actuelle et à garantir des élections transparentes et crédibles », a-t-il ajouté.
Comme le mentionne le New York Times, voilà 13 ans que M. Morales présidait aux destinées de la Bolivie. Dans une annonce effectuée dimanche, l’ex-président, accompagné d’Alvaro Garcia Linera, le vice-président, qui a lui aussi remis sa démission, a mentionné qu’il quittait le pouvoir pour mettre fin à trois semaines de manifestations violentes. La population l’accusait entre autres de détournement de démocratie pour conserver son poste.
« Le coup (d’État) est completé », a déclaré M. Garcia, selon ce qu’écrit le quotidien new-yorkais.
« La lutte n’est pas terminée », a de son côté assuré le président sortant, en affirmant que « les pauvres, les mouvements sociaux continueront leur combat pour l’égalité et la paix ».
La pression était devenue trop forte pour M. Morales, qui avait d’abord tenu un référendum sur la possibilité d’aspirer à un quatrième mandat, une perspective normalement interdite selon la constitution bolivienne. Par la suite, une présidentielle entachée d’irrégularités a poussé l’Organisation des États américains, qui avait dépêché des observateurs sur place, à présenter un rapport accablant où il était fortement recommandé de tenir de nouvelles élections.
M. Morales a d’abord annoncé dimanche la reprise de l’élection présidentielle, après trois semaines de contestation, mais il a finalement décidé de présenter sa démission, alors que la police et l’armée se sont rangées du côté des protestataires.
On ignore, pour l’instant, qui occupera les plus hautes fonctions du gouvernement bolivien après la chute de M. Morales, plusieurs responsables importants ayant eux aussi décidé de démissionner, mentionne le Times.
Cette fin en queue de poisson de la « révolution bolivienne » lancée il y a plus d’une décennie avec l’élection d’un premier président autochtone, le pays ayant longtemps été dirigé par des descendants de l’élite coloniale européenne, survient alors que bon nombre de pays d’Amérique du Sud sont ébranlés par de puissants mouvements sociaux qui mettent à mal des États souvent sclérosés par les abus de pouvoir.
Il y a le Venezuela, bien sûr, où l’effritement du régime de Nicolas Maduro se poursuit, mais aussi le Chili, entre autres, où une hausse des tarifs de transport en commun a mis le feu aux poudres et déclenché une série d’émeutes violentes et destructrices. Et en Argentine, où la gauche a chassé le président Mauricio Macri du pouvoir lors de la plus récente élection fédérale, les milieux économiques sont plus que frileux, d’autant plus que les structures socio-économiques argentines ne se sont jamais vraiment remises de la crise du début des années 2000 et du défaut de paiement sur la dette nationale.
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