Il y a 30 ans tombait le Mur de Berlin, et avec lui, le symbole de l’emprise de l’Union soviétique et du communisme sur une bonne partie du monde. Aujourd’hui, les pays qui se trouvaient autrefois enfermés dans le rideau de fer ont évolué, mais tous les citoyens européens ne sont pas entièrement satisfaits de la situation géo-politico-économique actuelle, révèle une grande enquête effectuée par le Pew Research Center.
Selon ce coup de sonde continental, les citoyens des États d’Europe Centrale et de l’Est qui ont rejoint l’Union européenne estiment généralement que cette adhésion a été positive, et que l’appui en faveur des valeurs démocratiques est fortement répandu dans ces régions. Malgré tout, cet engagement envers certains principes démocratiques n’est pas toujours fort.
Interrogés à propos du passage à la démocratie multipartite et à l’économie de marché qui a marqué l’effondrement du communisme, les populations de l’ancien bloc de l’Est disent largement approuver ces transformations. Par exemple, 85% des Polonais soutiennent ces deux aspects de la société occidentale. Cependant, plus d’un tiers des Bulgares y sont opposés ainsi qu’autant d’Ukrainiens. En Russie, cette opposition rassemble jusqu’à 50% de la population.
Interrogés en 1991, puis en 2009, les citoyens de plusieurs pays de l’Est, dont la Hongrie, la Lituanie et l’Ukraine ont peu à peu moins apprécié cette transformation politique et économique. Depuis, cependant, cet appui a fortement augmenté. En fait, la Russie est le seul pays où l’appui envers la démocratie est en chute libre depuis 2009.
Selon les chercheurs du Pew Research Center, cet appui variable envers la démocratie et le libre marché pourrait dépendre des progrès réalisés par les divers pays au fil des ans. Ainsi, la plupart des Polonais, des Tchèques et des Lituaniens, ainsi que plus de 40% des Hongrois et des Slovaques jugent que la situation économique s’est améliorée pour la majorité des gens, comparativement à l’époque communiste. Cette opinion est d’ailleurs plus solide maintenant qu’en 2009, date de la crise économique qui a marquée l’Europe.
En Russie, en Ukraine et en Bulgarie, toutefois, plus de la moitié des gens croient que la situation est pire qu’au temps de l’URSS.
Changements positifs, voire négatifs dans certains cas: les opinions des Européens de l’Est varient à propos des divers aspects de la société. L’éducation et la qualité de vie se sont améliorées, oui, mais les valeurs familiales ont pris du plomb dans l’aile, juge-t-on, tout comme en matière de soins de santé.
D’est en ouest du territoire européen, les opinions divergent sur des questions aussi nombreuses que les droits des homosexuels, le rôle des femmes dans la société, ou encore les perspectives d’avenir en matière d’économie. Dans ce dernier dossier, paradoxalement, c’est à l’Est que les opinions sont les plus positives. On y juge ainsi que la nouvelle génération y sera mieux nantie que la précédente, tandis qu’en Italie, en France, en Grèce, ou encore en Espagne ou au Royaume-Uni, la situation financière sera pire pour les jeunes.
Outre la division Est-Ouest, il y a également une opposition Nord-Sud, les pays du nord du Vieux Continent étant généralement mieux nantis et ayant une opinion plus positive de l’économie, contrairement au Sud, souvent plus pauvre et moins optimiste.
Colère envers les élites
Pratiquement partout en Europe, y compris en Ukraine et en Russie, on juge que les dirigeants ne portent pas attention aux visées du peuple. Ainsi, en moyenne, 69% des Européens estiment ne pas être écoutés par les politiciens.
En Europe de l’Est, les citoyens jugent que les dirigeants politiques et les gens d’affaires ont grandement bénéficié des transformations post-communisme, alors que les citoyens ordinaires auraient été laissés pour compte.
Dans l’ensemble du continent, en fait, seuls six des 59 partis politiques évalués par les sondés ont reçu une note positive de la part d’au moins la moitié de la population.
Une amende salée pour les bateaux aidant les migrants fait craindre le pire en Méditerranée