Un satellite de la constellation SpaceX a obligé le 2 septembre un satellite de l’Agence spatiale européenne (ESA) à changer légèrement de trajectoire pour réduire le risque de collision.
Il s’agit de cette constellation de 60 satellites lancée en mai dernier par la compagnie d’Elon Musk, qui vise à faciliter les communications Internet sans fil. Déjà, ce lancement avait relancé les inquiétudes sur la « surpopulation » de satellites en orbite — plus ils sont nombreux, plus le risque de collision est élevé — doublé du fait qu’il s’agissait d’une compagnie privée, moins encline à se soumettre aux règles écrites et non écrites que suivent les différentes agences spatiales gouvernementales depuis des décennies.
Leurs pires craintes ont donc pris corps à la fin du mois d’août, lorsqu’il s’est avéré que la trajectoire de « Starlink 44 » l’amènerait dangereusement proche d’Aeolus, satellite météo de l’ESA. Le risque de collision restait minime: selon l’ESA, il était de 1 sur 1 000, ce qui est tout de même 10 fois plus élevé que le seuil qui nécessite une manœuvre d’évitement. SpaceX a même évalué le risque à 1 sur 591.
C’est le manque de communication avec SpaceX qui a été plus irritant que la manœuvre anti-collision, selon le New Scientist. La firme aurait « failli à communiquer avec l’agence pendant les cinq jours précédents, sauf pour un courriel alors que le risque de collision n’était encore que de 1 sur 50 000 ». SpaceX invoque un bogue dans son système d’alerte.
Mais le fait est qu’il n’existe aucune loi obligeant un opérateur de satellites à suivre un protocole précis en pareil cas. Les règles écrites et non écrites sur lesquelles s’appuient la NASA, l’ESA et les autres agences nationales, reposent sur des communications efficaces et rapides entre leurs différents responsables — ne serait-ce que pour s’entendre sur lequel des deux satellites va bouger. Or, de tels incidents risquent de se multiplier, à mesure que les compagnies privées vont lancer des projets similaires — on parle de centaines puis de milliers de satellites supplémentaires — pour renforcer nos réseaux de communication planétaires.