Moins de six mois après avoir lancé en grande pompe son Mate20, le géant chinois des télécommunications Huawei tente une nouvelle fois de séduire les utilisateurs de téléphones intelligents aux poches profondes avec le P30 Pro, un appareil qui offre quelques améliorations marginales, mais rien de particulièrement spectaculaire.
« Un design exquis! » « Une poursuite sans fin de l’expression artistique! » Le guide destiné aux journalistes spécialisés en technologie ne manque pas d’envolées lyriques pour qualifier le petit nouveau des « supertéléphones » de la marque chinoise.
Réduit à sa plus simple expression, le nouveau venu ne pèse que 192 grammes, avec une épaisseur d’un peu plus de 8,41 millimètres. Avec un écran de 6,47 pouces de diagonales, Huawei navigue ici en eaux troubles, pas très loin de ce qui était autrefois affublé de l’horrible nom de « phablet ». Nous sommes ici bien évidemment loin des véritables tablettes, mais l’appareil est d’une taille appréciable, d’autant plus que l’écran, qui se courbe quelque peu sur les côtés, donne ainsi l’impression de recouvrir l’ensemble du boîtier. Ajoutez à cela une « encoche » minuscule, à peine suffisante pour que le téléphone puisse disposer d’une caméra frontale, et vous obtenez un appareil qui semble n’être qu’un gigantesque écran tactile. On en redemande!
Côté performance, la réputation des supertéléphones de Huawei n’est plus à refaire; le Mate20 Pro avait déjà impressionné par sa rapidité d’exécution et sa capacité de traitement, et le P30 Pro semble pouvoir s’acquitter de toutes ses tâches de façon particulièrement efficace.
L’entreprise vante ainsi une nouvelle puce graphique, de nouveaux jeux accessibles via les services préinstallés… Tout cela est bien beau, certes, mais personne n’achètera de téléphone pour y jouer à des jeux. L’époque du nGage est révolue depuis belle lurette, après tout. Idem pour la capacité d’y écouter des vidéos. En ce sens, les capacités continuent de s’accroître avec chaque nouvelle génération de téléphone, mais on aura beau tenter de projeter du 1080p, voire du 4K sur un écran de téléphone, cela ne restera jamais qu’un écran de téléphone.
Non, le principal argument de vente du P30 Pro, à l’image du Mate20, sont les capacités photographiques. Faible luminosité, grands angles, profondeur de champ, zoom extrême, tout y est, pour le bonheur des photographes du dimanche comme des professionnels. Cette fois, le téléphone est équipé de quatre caméras accomplissant tout autant de fonctions spécifiques.
Il faut d’ailleurs le souligner: les composantes signées Leica permettent de prendre des clichés d’une qualité incroyable. Bien entendu, on se demandera pourquoi il existe une fonction permettant de filmer son visage et de le transformer – en temps réel, s’il vous plaît! – en animation en trois dimensions, ou pourquoi il est toujours possible de modifier le réglage ISO pour lui faire atteindre des hauteurs stratosphériques, par exemple, mais dans l’ensemble, le P30 Pro est un fantastique appareil photo.
Et c’est un peu là le coeur du problème: voudra-t-on payer plus d’un millier de dollars pour un très bon appareil photo, mais qui permet aussi de passer des appels? Les amateurs y trouveront certainement leur compte, bien qu’il soit un peu drôle d’entendre parler de gens craignant les capacités de zoom du P30 (ou du P30 Pro), compte tenu de ce qui est soi-disant reproché à l’entreprise. Quant aux professionnels, ils hésiteront longtemps, peut-être, en sachant que les mêmes fonctionnalités coûtent peut-être plus cher en s’équipant d’une véritable caméra reflex, en plus des logiciels nécessaires, mais que la physicalité de l’ensemble sera davantage au rendez-vous.
Doit-on acheter le P30 Pro? Si la photo à l’aide d’un téléphone ne vous intéresse pas, passez votre tour. Autrement, Huawei fera certainement oublier les aspects plus ordinaires de son appareil avec tout ce qui a été investi en recherche et développement des quatre caméras qui l’équipent.
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