Difficile, de nos jours, de ne pas connaître l’oeuvre de Fernando Botero. L’artiste colombien, autant peintre que sculpteur, a fait le tour du monde avec ses personnages plus ronds que nature. Dans le cadre du Festival international du film sur l’art (FIFA), le réalisateur Don Millar trace un portrait tout en nuances de celui qui est possiblement le plus grand artiste vivant de notre époque.
Né en 1932, Botero connaîtra son déclic artistique lors d’un voyage en Europe, où il s’inspirera largement des grands maîtres de la Renaissance pour alimenter son style pictural. En jouant avec les codes de l’époque, et en y ajoutant une explosion de couleurs héritée d’un retour en Amérique Latine, voilà que l’artiste donne naissance à l’iconographie « boteréenne », ces hommes, ces enfants et ces enfants tout en courbes, des courbes démesurées mais toujours harmonieuses, une sorte de perfection dans la rondeur.
Le documentaire, qui comporte entre autres de longues entrevues avec l’artiste, mais aussi avec ses enfants et des collaborateurs, est certes classique dans sa forme, mais le fait que Botero soit toujours bien vivant permet de donner un petit plus à l’aventure: après tout, si l’on a bel et bien recours à des spécialistes pour évoquer l’état d’esprit du créateur des oeuvres, pas besoin de se perdre en palabres pour tenter de comprendre les motivations du peintre et sculpteur. Le voilà, après tout, qui peut aisément répondre aux questions du cinéaste.
Et que dire de ce moment où sa fille rouvre un entrepôt contenant des toiles, des dessins et des esquisses de son père, stockés là depuis une quarantaine d’années, avant de s’extasier sur cette tranche de vie couchée sur papier?
Le meilleur passage du documentaire est toutefois celui où les avis d’un passionné de Botero et d’une détractrice s’entrecroisent. Les deux personnages sont particulièrement typés, à l’image des clichés du milieu des arts visuels, et leurs remarques se télescopent avec un sérieux qui entraîne pratiquement un fou rire. Botero est-il trop populaire pour son propre bien? Est-il de bon ton de détester l’oeuvre de l’artiste, ne serait-ce que pour se placer à contre-courant?
Artiste public, artiste populaire, Botero fait tourner les têtes partout où il expose. Et le documentaire du même nom trace un portrait réussi et particulièrement sympathique de cet homme passionné, mais qui a su conserver une apparence simple et ouverte. Voilà peut-être, encore une fois, ce qui fait grincer les dents de certains gourous de l’art contemporain!
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