La NRA, l’association de défense des armes à feu aux États-Unis, jamais à court de controverses, vient apparemment de décider que c’était une bonne idée de s’attaquer aux médecins: dans un tweet publié mercredi dernier — quelques heures avant une nouvelle tuerie en Californie — elle enjoint ceux-ci de cesser de parler de contrôle des armes et de plutôt se contenter de parler de ce qu’ils connaissent.
« Qui croyez-vous retire les balles des colonnes vertébrales et tente de réparer les intestins anéantis par une AR-15 », lui a répondu Jennifer Gunter, médecin et vulgarisatrice en santé, avant d’être imitée par des centaines de collègues et d’internautes solidaires.
Dans le tweet qui a mis le feu aux poudres, la NRA (National Rifle Association) s’offusquait du fait que « la moitié des articles » parus dans la dernière édition des Annals of Internal Medicine, « fassent la promotion du contrôle des armes » et ajoutait: « Plus troublant toutefois, est le fait que la communauté médicale semble n’avoir consulté personne sauf elle-même. »
« Nous avons consulté la science », s’insurge la chirurgienne Mary Brandt, avant de citer en enfilade une série d’études menées aux États-Unis et ailleurs, qui ont maintes fois démontré une corrélation entre un meilleur contrôle des armes et une diminution du nombre de morts par armes à feu.
En fait, comme d’autres l’ont rappelé, 11 000 meurtres et 19 000 suicides par année par armes à feu serait qualifié, dans n’importe quel pays normal, de grave problème de santé publique. Mais il existe aux États-Unis cette anomalie: une directive du Congrès qui, en 1996, imposait au Centre de contrôle des maladies (CDC) de cesser d’utiliser des fonds publics pour « défendre ou promouvoir le contrôle des armes », ce qui a eu pour effet de mettre un frein à des études en médecine ou en psychologie sur les armes à feu. C’était l’aboutissement d’un intense lobbying de la NRA, mécontente de voir des études établir un lien entre dépression et suicide, ou entre homicide conjugal et possession d’armes à feu.
« Nous ne sommes pas opposés aux armes », a tweeté jeudi dernier l’urgentologue Esther Choo. « Nous sommes opposés aux trous de balles dans nos patients. »
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