La collection Ils ont fait l’Histoire réunit historiens, scénaristes et dessinateurs afin de rendre l’Histoire plus accessible à travers la bande dessinée, et après César, Gengis Khan et Lénine, le plus récent album de la série aborde maintenant la vie d’Abraham Lincoln.
Abraham Lincoln est un véritable géant de la politique américaine, et pas uniquement à cause de son imposante taille d’un mètre quatre-vingt-quatorze. Depuis son assassinat dans une loge de théâtre en 1865 aux mains de John Wilkes Booth, l’homme n’a jamais cessé de fasciner, comme le prouve les quelques 15 000 ouvrages écrits à son sujet (soit plus que tous les autres Présidents réunis). Malgré cette imposante littérature, la bande dessinée Lincoln possède un avantage indéniable sur toutes ces biographies, celui de nous initier au personnage sans jamais donner l’impression d’être une leçon d’Histoire.

Un voyage en train vers Gettysburg, où le seizième Président des États-Unis s’apprête à livrer son plus fameux discours, constitue le prétexte parfait pour retracer le parcours l’ayant mené à la Maison Blanche. À travers une série de flashbacks, l’album dépeint les différentes facettes de Lincoln : l’enfant pauvre et dévôt du Kentucky élevé dans la croyance que « tout comme l’alcool, l’esclavage avilit l’homme »; le gaillard exerçant tour à tour les métiers de bûcheron ou de batelier; l’avocat itinérant défendant les Amérindiens et les plus démunis (ce qui lui valût le surnom de « Honest Abe »); le vainqueur de la guerre de Sécession, et le politicien abolitionniste ayant réunifié une Amérique profondément divisée.
Mieux que dans un documentaire classique, le dessin permet de recréer des moments charnières de l’Histoire pour lesquels il n’existe pas (ou peu) de documents visuels. Non seulement le Lincoln de Roberto Meli est ressemblant au premier coup d’œil, et ce, peu importe l’âge auquel il est représenté, mais les illustrations vibrantes de l’artiste redonnent toute leur splendeur à l’Amérique du 19ème siècle, avec ses champs majestueux de l’Indiana, ses forêts touffues de l’Illinois, ou ses bayous du Mississipi. Meli contraste cette beauté sauvage avec la violence graphique des batailles célèbres de la guerre de Sécession, dont Fort Sumter, Bull Run, ou Gettysburg, la plus meurtrière de tout le conflit.

Un album ne comptant qu’une cinquantaine de pages ne peut évidemment qu’effleurer les grandes lignes de la vie, particulièrement bien remplie, d’Abraham Lincoln, mais le but avoué de cette bande dessinée est avant tout de donner le goût aux lecteurs de continuer par eux-mêmes leurs recherches sur le sujet, et dans cette optique, c’était une excellente idée de conclure l’ouvrage sur un dossier de quelques pages qui approfondit certains aspects du récit, et offre une chronologie de la vie du seizième Président des États-Unis, ainsi que l’intégrale du célèbre discours qu’il prononça à Gettysburg.
À une époque où les États-Unis semblent divisés comme jamais auparavant, il est important de renouer avec l’héritage d’Abraham Lincoln, et c’est précisément ce que permet de faire cette bande dessinée, aussi pertinente que captivante.
Lincoln, de Fred Duval, Roberto Meli et Farid Ameur. Publié aux Éditions Glénat, 56 pages.
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