Le milliardaire japonais Yusaku Maezawa ira-t-il vraiment autour de la Lune en 2023, premier « touriste lunaire » de son état? Rien n’est moins sûr, en dépit des dizaines de millions de dollars qu’il a — selon la rumeur — investis pour s’acheter les premiers billets.
Tout d’abord, l’autre milliardaire auquel il achète le lot, Elon Musk, a donné l’habitude d’être outrageusement optimiste lorsqu’il annonce une date, spécialement pour les projets les plus riches en visibilité médiatique: après tout, c’est en 2018 qu’était censé avoir lieu ce tout premier envol de touristes vers la Lune, selon une annonce faite par la compagnie SpaceX d’Elon Musk en… 2017. Et il y a le projet d’une colonie martienne pour les années 2030, dont les premiers pionniers seraient censés commencer à construire les aménagements dès 2024, des délais que peu de gens ont pris au sérieux.
À la défense de Musk, les succès de SpaceX dans des entreprises plus prosaïques sont, eux, indéniables: première compagnie privée à avoir mis en orbite, en 2010, sa propre fusée et l’avoir récupérée; première compagnie privée à avoir envoyé un engin — sa capsule Dragon — s’arrimer à la station spatiale, en 2012; la compagnie a, depuis, mis des satellites en orbite et livré du ravitaillement aux astronautes de la station.
Mais entre ces percées en orbite et l’envoi d’humains vers Mars, ou même juste vers l’orbite lunaire, il y a une marge. D’autant plus grande qu’on ne parle pas d’une fusée austère qui transporterait seulement le milliardaire japonais de 42 ans, mais six à huit personnes, ou plus. « J’aimerais inviter six à huit artistes de partout dans le monde à se joindre à moi dans cette mission vers la Lune », a déclaré Yusaku Maezawa lors de la conférence de presse du 17 septembre. La fusée projetée, BFR, pour Big Falcon Rocket — et non Big Fucking Rocket, comme certains l’ont très sérieusement anticipé — pourrait même, en théorie, abriter jusqu’à 100 personnes, assises pendant près d’une semaine dans un environnement plus spacieux que celui des astronautes de jadis. C’est cette fusée qui, toujours en théorie, aurait la puissance nécessaire pour lancer les premiers humains vers Mars.
Musk a refusé de dévoiler combien Maezawa avait payé, mais a affirmé que son chèque aurait un impact sur l’opération de recherche et développement de la BFR. Il a aussi affirmé que la facture totale de développement de la fusée avoisinerait les 5 milliards de dollars — ce qui pourrait vouloir dire que le vol lunaire coûterait au moins 10 milliards. À l’évidence, pour que ça se réalise, en 2023 ou après, il faudra plus que deux milliardaires.
https://www.pieuvre.ca/2018/09/12/science-espace-exploration-proxima-centaure-vaisseau/
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