En plus de leur capacité à réduire les coûts immobiliers, l’argument en faveur des bureaux à aire ouverte est qu’ils devraient agir comme catalyseur de la chimie humaine, permettant d’accroître les échanges et discussions entre collègues, histoire d’attiser la créativité et la collaboration.
Malheureusement, il est largement établi que la plupart des travailleurs n’apprécient pas ces environnements, ceux-ci préférant la possibilité de protéger leur vie privée et contrôler leur zone de travail.
Désormais, deux études publiées dans Philosophical Transactions of the Royal Society B portent à croire que le supposé avantage collaboratif des bureaux à aire ouverte n’existe pas.
Ethan Bernstein et Stephen Turban, respectivement de la Harvard Business School et de l’Université Harvard, ont recruté 52 employés du siège social d’une multinationale qui s’apprêtait à rénover un étage entier de ses bureaux, se débarrassant des cubicules pour créer un espace entièrement à aire ouverte.
Les participants, qui travaillaient dans les secteurs des ventes, des technologies et des ressources humaines, portaient un « badge sociométrique » et un micro pendant les trois semaines précédant les rénovations. Puis, quelques mois après la fin des travaux, ils ont de nouveau porté cet équipement pendant trois autres semaines.
Ces badges et micros ont permis aux chercheurs de surveiller la fréquence des interactions personnelles entre les travailleurs. La compagnie a également offert un accès à ses serveurs pour que les chercheurs évaluent d’éventuels changements dans l’utilisation des courriels et de la messagerie instantanée.
Les résultats sont clairs: après le changement vers un bureau à aire ouverte, les participants ont consacré 73% moins de temps aux interactions en face à face, tandis que leur utilisation des courriels et de la messagerie instantanée a bondit de 67 et 75%, respectivement.
Une deuxième étude impliquant 100 employés dans une autre entreprises était similaire, mais dans ce dernier cas, les chercheurs ont surveillé les changements dans la nature des interactions entre des paires spécifiques de collègues avant et après le changement pour un espace à aire ouverte.
On comptait 1830 duos qui interagissaient, et de ce nombre, 643 d’entre eux ont réduit leurs interactions face à face après le changement, comparativement à seuls 141 groupes qui ont davantage interagi. Au total, le temps passé en face d’un collègue a plongé de 70% chez l’ensemble des employés participant à l’étude, alors que l’utilisation des courriels a progressé de 22 et 50%, selon la méthode utilisée pour procéder à l’estimation.
Les employés ayant déjà travaillé dans un environnement à aire ouverte ont habituellement le réflexe de se réfugier derrière leur écran, casque d’écoute bien vissé sur la tête. Les conclusions ne devraient donc pas les surprendre.
Il s’agit toutefois de la première étude à offrir une mesure objective de l’impact d’un bureau à aire ouverte sur la façon dont les gens interagissent.
L’environnement réel de cette étude est un avantage, mais celui-ci s’obtient au détriment d’un contrôle complet sur le contexte et les paramètres de l’étude. Il est toujours possible que d’autres facteurs, outre les rénovations de l’aire de travail, puissent expliquer les résultats; les chercheurs ont tenté de réduire ce risque, entre autres en permettant aux employés de s’adapter à leur nouvel environnement avant de reprendre la cueillette de données.
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/06/13/tous-les-futurs-logements-sociaux-parisiens-seront-accessibles-aux-handicapes/
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